Lundi 23 Avril - Épilogue illogique

Trois mois. Trois mois de vagabondage, de surprises, de moments difficiles, mais surtout trois mois inoubliables. Trois mois du sud au nord de l’Inde à suivre les chemins tracés par le Lonely Planet, ce bouquin épais comme le bottin, qui se ballade dans les mains de tous les babtous en vadrouille.

De toutes manières, je pense que chacun voyage à sa façon, chaque voyage est unique, vous pouvez rencontrer 10 personnes aillant visité les mêmes endroits, jamais vous n’entendrez deux fois la même histoire, alors que certain auront passé les meilleurs moments à un endroit, le même aura été le pire des cauchemars pour d’autres… En revanche, force est de constater malheureusement que les plus beaux endroits sont toujours les plus touristiques, ceux où la pression des vendeurs, des rickshaws drivers, des enfants est la plus forte. Une sorte de sollicitation constante dont il faut finir par faire abstraction. Le pire, c’est de réaliser qu’aucune rencontre dans ces endroits-là ne mènera à autre chose que votre main à votre portefeuille. Il faut le savoir. Les arnaques sont présentes à chaque coin de rue, et même en prenant garde on tombe toujours dans les mailles du filet à un moment ou à un autre, en pensant avoir un bon feeling, ou tout simplement pour essayer de se prouver que toutes les rencontres ici ne sont pas que vénales, en vain…

À Bombay, je passe la soirée avec Manou, on vadrouille de bars en bars, il devient saoul assez vite et n’a en fait en tête que de se faire payer à boire et à manger. À Jaipur, un mec nous alpague, nous invite à prendre un Chai, on se raconte nos vies, je lui dis que je cherche des opportunités en Inde, impek, il a un ami qui bosse dans la joaillerie et qui cherche des gens. Scam typique parait-il, il envoie des bijoux en France que vous êtes censés avoir acheté ici, le tout pour éviter les taxes. Il te promet 10 000 euros en échange. Tentant. Une arnaque bien sÛr, une arnaque qui peut te couter les droits de douanes, la valeur des bijoux, voire les deux… Il avait déjà un bon dossier de passeports, tous récents, les pauvres…
On est tombé Emilie et Moi ainsi que Mika, un compagnon de voyage, quasiment simultanément malades comme des chiens, bloqués à Agra. En lisant le guide, il disait qu’un vieux scam avait à priori disparu, des restaurants empoisonnaient des touristes, les menaient à des médecins sans scrupules pour extorquer quelques milliers d’euros aux compagnies d’assurance. Je peux vous dire que quand le tenancier nous a demandé si on avait une bonne assurance on a mis les voiles direct.
Et tous les jours, les mauvaises surprises succèdent aux bonnes et vice-versa, c’est pour cette raison qu’il faut savoir prendre de la distance dès les premiers doutes, en s’excusant, filant à l’anglaise. Heureusement, il arrive d’avoir des bonnes surprises, les indiens sont des gens d’une gentillesse et d’une hospitalité remarquable, il suffit juste de tomber sur les bonnes personnes, comme partout en somme.

Que de souvenirs en tout cas, pour le meilleur et pour le pire. Personnellement, je définirais l’Inde comme le pays des contrastes juxtaposés. Se tenir devant les skyscrappers sur le seafront à Bombay, marcher cinq minutes à l’intérieur de la ville et se retrouver dans un petit marché en terre battue, être ramené cent ans en arrières au milieu des animaux et des enfants qui jouent à se courir après dans vos pattes, et croiser une indienne en Saree avec un téléphone portable qui laisse le tient à la niche. Continuer dans la ville et manquer de se faire renverser 3 fois par une grosse Mercedez blanche alors que toi tu essayes d’éviter les pousse-pousse et les Zébus. Prendre une grande bouffée d’air emplie d’odeur de curry et d’encens et se retenir de rendre la seconde d’après en passant au dessus d’un conduit d’égouts et d’un tas d’immondices

Le pays des surprises aussi, je dis surprise mais certains prendront ça pour des aberrations. Le code de la route quasi inexistant, l’absence de poubelles dans la rues et de papiers toilettes dans les toilettes, les portes des trains qui ne ferment pas, les gens qui dorment à toutes heures dans les endroits les plus insolites (dos de camion en route, toits d’échoppes ou de taxis..), les animaux : vaches, zébus, biquettes, chiens et autres qui se baladent à droite, à gauche, aussi bien sur le trottoir que sur la route, l’absence du concept de queue à la file indienne (on devrait dire file des indiens d’Amérique d’ailleurs)… c’est bizarre, la liste pourrait continuer indéfiniment, mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que dans ce tableau en apparence chaotique, les choses se passent relativement bien, le klaxon comme moyen de communication sur la route où chacun prend garde aux animaux, les gens derrière les comptoirs apprennent à gérer plusieurs personnes en même temps et quand assez de détritus sont rassemblés, ben quelqu’un y met le feu et brûle le tout…

 

Trois mois donc, moi qui devait rester cinq.. Pas que je n’en puisse plus, bien au contraire, mais il semble que je suis venu cherché ici quelque chose que je ne parviendrai à trouver.. Je pensais pouvoir trouver du travail, ou un moyen de me créer du travail ici, gagner ma croute quoi, en vain. Les opportunités que j’attendais ne se sont pas présentées, je n’ai pas rencontré les bonnes personnes ou chercher aux bons endroits je ne sais pas… J’aurais toujours pu commencer avec un salaire indien, mais vous vous voyez vous toucher 100 euros par mois ?

Toujours est-il qu’il semblerait que les choses aient bougé en France et que je puisse commencer à creuser mon trou. Il me tarde de travailler en fait. Finies les vacances.. De toutes façons, j’ai fini par me rendre à l’évidence, peu importe le temps que je resterai ici, je serai toujours un touriste. J’ai entendu l’histoire de gens qui vivaient ici depuis des années et qui n’étaient toujours pas intégrés. La différence de culture est trop grande. Tolérés mais pas intégrés.

En revanche, aussi rapidement que les rues s’étendent, les mentalités changent à une vitesse impressionnante, spécialement dans les grandes villes, il y a encore quelques années une femme dans la rue en Jean’s était juste inimaginable, et aujourd’hui les premières mini-jupes font leurs apparitions… Sans rentrer dans les détails de la culture Indienne, détails avec lesquels je suis d’ailleurs assez peu familier (Castes, Marriage forcé…), je peux dire sans trop prendre de risque qu’il ne faudra pas beaucoup de temps pour que les choses changes, on va dans un futur très proche voir émerger une autre puissance capitaliste, qui sera forgée sur un modèle diffèrent, marquée de son histoire et de ses traditions mais bien décidée à prendre une place d’honneur dans l’économie de marché mondiale.

Et comme disais Vicky, one of my « friends »: « In India, everything is possible », c’est pas faux, tout ce qui n’est pas interdit est possible et il y a peu d’interdictions, surtout quand on a de l’argent… Un autre pote, Yorgis, avait une formule consacrée qui ponctuait chacune de ses phrases : « it’s India man, It’s Crazy », j’ai toujours trouvé que ca résumait bien tout…

 

Des beaux souvenirs donc, la découverte de Thiruvananthapuram, les palmiers de la plage de Varkala, les cours d’hindi à Aranmula, le week-end sur le bateau au milieu des Backwaters, les tournages, l’ambiance et les rencontres de Fort Cochin, rien de bien à Chennai, les petites rues calmes et propres de Pondicherry, Rue Surcouf, Rue labourdonnais, les chemins argileux, la faune et la flore d’Auroville, les grands boulevards et les monuments de Bombay, les flics d’Amedhabad avec qui on a pris des photos au milieu du trafic, le lac Picchola d’Udaipur, les ballades en scotters, le monsoon palace (on a beaucoupbeaucoup aimé Udaipur nous.. ) ; les marchés de bijoux de Jaipur, le Taj Mahal d’Agra..

Et surtout les rétines pleines d’images, les oreilles pleines de sons, de bruits, de cris, de musiques, de quoi se donner le courage de rentrer en France, de se lancer enfin dans la travaillosphère, un milieu assez fermé de nos jours, mais qu’il va bien falloir se décider à accéder…


Mardi 11 avril - poinçon d'avril

Départ de la gare d’Udaipur à 21h40 en classe Sleepers, un excellent moyen de voyager pour pas cher. Bel exemple de civilité de la part des Indiens d’ailleurs, un tel mode de transport serait juste inimaginable en France. Déjà que dans un wagon bien rangés de la SNCF sur deux, vous pouvez être sûrs que des « usagés » se disputeront tantôt pour une histoire de sièges usurpés, tantôt pour affaire de bruit intempestif, la classe Sleepers serait je pense une sorte de tuerie collective dont peu sortiraient vivants :

10 places assises se convertissent en 9 couchettes, équation improbable qui fonctionne grâce aux arrivés et aux sortis au cours de la nuit. La prouesse, c’est le passage en mode couchette, qui s’opère co-opérativement et simultanément pour tout le monde. Emilie, parisienne un peu déboussolée sur SA banquette numéro 9, voit les gens arriver et s’asseoir sur SA banquette numéro 9. Certains mangent, d’autres lisent le journal, mais Emilie elle, elle flippe, sans broncher, elle est sur SA banquette et elle aimerait bien pouvoir s’allonger sur SA banquette. Dilemme. Comment expliquer au gens que, bon, elle veut pas être désagréable mais elle aimerait bien pouvoir profiter pleinement de SA banquette pour dormir. D’ailleurs, ils vont dormir où tous ces gens ? Peu importe, mais pas sur la banquette numéro 9. Elle patiente dans l’angoisse, en suspens de couchette…

Au bout de quelques temps, venu de nul part, le mécanisme se met en branle et tout le monde le sait, c’est l’heure. Sans un mot échangé ou une annonce du conducteur, les gens se lèvent et organisent le dortoir. D’un commun accord, les banquettes se déplient et s’attachent de part et d’autres de la rame, chacun retrouve sa place, les lumières s’éteignent progressivement et les discussions s’effacent jusqu’au lendemain, où quand tout le monde sera réveillé, le train repassera en position assise.

On arrive donc à Jaipur, deuxième capitale mondiale de la joaillerie et capitale number one du racolage. En effet, faut un peu s’accrocher et tenter de faire abstraction des sollicitations quasi permanentes. Traversez MI road, si vous y parvenez, et poussez jusqu’à New Gate, un petit kilomètre à pied. À n’importe quelle heure du jour, on vous appellera pour une bonne trentaine de rickshaws, plus les restaurants. Ça vous coûtera une bonne dizaine de roupies de vieux mendiants sympas. Et jusque là tout va bien. Parce qu’il faut que vous parveniez à New gate sans vous faire alpaguer par un mec sympa qui veux parler anglais avec vous pour progresser, qu’il vous invite à prendre un Chai avec son prof de peinture qui dit connaître un joaillier qui a sûrement des opportunités intéressantes et qu’IL FAUT rencontrer. Et vous faites, vous avez pas le choix si vous voulez pas passer pour un connard malpoli qui aime pas les indiens. Vous arrivez dans une espèce de bureau de luxe alors que y’a 10 secondes vous montiez un escalier dégueulasse sans lumière avec les marches inégales. Deux mecs te reçoive, l’un parle français, très sympa, très convaincant. Toi, tu sais pas trop pourquoi tu es là mais quand tu apprends qu’il loue un appart à 3000 euros dans le troisième tu te dis que tu bosserais bien avec lui. Alors tu restes. De toutes façons, il fait la conversation. Il a un truc pour toi. Un truc honnête. Il te prépare un paquet avec des bijoux, valeur 15 000 euros, le maximum qu’un touriste peut ramener en France, tu va les chercher avec lui à la poste en France, il te file des thunes : nice and easy. Comme les taxes sur les bijoux c’est 250%, tu lui fais gagner 37 000, du coup, il te file 10 000, 20 000 pour deux personnes…

Il t’explique tout en détails, ça parait clean, il répond à toute ta méfiance par du bon sens, il te met dans sa poche et tu te vois déjà avec la liasse de 10 000 dans les mains. Mais tu demandes, quand même, une nuit pour réfléchir, ça parait trop beau pour être vrai.
Du coup tu sorts du shop, il fait nuit, tu voulais aller visiter des trucs et du coup tu as passé ton après midi de visite à te faire tenir la jambe par une file indienne. Tu tournes le truc dans tous les sens, il dois y avoir un vice dans cette histoire de 10 000 euros et puis t’as toujours pas vu New Gate..

On marche une petite dizaine de minutes et on tombe sur un autre filon indien, enfin c’est plutôt lui qui te tombe dessus, des mecs sympas qui parlaient bien anglais cette fois, pas des rabatteurs, pas cette fois, des étudiants qui te proposent d’aller boire un chai.. tu acceptes en te disant que tu n’auras pas passer plus de 10 minutes seul à seul avec ta copine plus de 20 minutes aujourd’hui, tant pis pour aujourd’hui, et puis c’est toujours sympa de parler avec des locaux, quand ils essayent pas de te vendre tout et n’importe quoi ou qu’ils essaient de te convaincre que gagner dix mille, c’est facile. Tu bouffes avec eux, ils sont de plus en plus nombreux et tu passes un bon moment. Comme 50 % des gens à Jaipur, l’un d’eux bosse dans les bijoux, tu peux pas t’empêcher de lui demander ce qu’il pense de cette histoire de transport de bijoux, toi tu es déjà retombé un peu les pieds sur terre, maintenant que tu n’es plus en face du mec, ça te parait être la plus grosse arnaque du monde. Il te demande si le mec en question ne parle pas français, bingo, il connait le type et il faudrait mieux pas qu’on accepte si on veut pas se retrouver à payer des milliers d’euros de droits de douane pour des bijoux sur lesquels on mettra jamais la main. C’est bien ce qu’on pensais..
Le lendemain, j’attends devant l’hôtel à 11h comme prévu, le premier mec qu’on avait rencontré la veille vient me prendre, on va boire un chai, son prof nous rejoint, comme la veille, et il me dit que le boss est occupé, qu’il peut me recevoir que plus tard, je me lève un peu lassé et lui dit que de toutes façons on est pas intéressé.. je rentre à l’hôtel l’esprit tranquille..

Et ça nous à fait ça deux fois en deux jours, donc la leçon à retenir à Jaipur, c ‘est de faire super attention à ne pas tomber dans les mauvais filets.

Deux citrine & un quartz fumé: 200

Collier 155 aigue-marine: 2000

Bagues et pendants: 2100

Quartz Rutiles: 450

 

On a quand même fait quelques belles affaires, y’a des choses supers, il faut bien marchander et pas oublier que 200 roupies c’est 4 euros hein…

Les photos de Lalie


Agra

Les photos de Lalie


Agra


Mercredi 11 Avril - Jaipur, capitale des pierres fines, de l'argent et des cœurs d'or // Lalie

Une entrée en matière somme toute assez lyrique, mais méritée, pour cette ville qui représente bien le paradoxe indien : immondices et beauté juxtaposées, et comme bien souvent, passé le premier mouvement de recul qu’impose certains details peu ragouttant de cette ville, la beauté l’emporte haut la main.

Je saute des lignes pour Laurence.

Commençons par le transfert d’Udaipur vers Jaipur : plus de 10 heures de train, en sleepers là encore, mais vraiment sympas, passée une intense phase de psychose terrible. Je m’explique : notre train partait à neuf du soir pour arriver le lendemain matin, nous devions donc dormir dans des couchettes, j’avais la 9, georges la 11.

Seulement, une fois arrivés dans le train, y avait effectivement une couchette en hauteur, et en bas une banquette, avec au-dessus les chiffres 9, 10 et 11. Bref on comprends rien, on demande à un mec, il s’avère que georges a celle du haut et moi celle du bas. Hors, à qui est la place 10 ? dort-on à deux sur ma banquette ? georges monte à sa place, enlève ses chaussures – 20 morts d’après la police, 40 d’après les locaux – et s’installe pendant que deux mecs squattent MA banquette. Paranoia, délire de persecution : ils sont sur MA banquette ! Et là le mec à ma gauche entame la discussion. Nan mais d’où il me parle le mec sur MA banquette ?? Bref blablabla, oui je veux être teacher, oui pardon mon accent est à chier mais tu sais, le tiens aussi, etc…

Très sympa, très poli, mais merde, toujours sur MA banquette. Je me vois déjà passer la nuit recroquevillée sur mon bout de siege avec un indien ronfleur qui me bave sur l’épaule… Et là le miracle, il me dit « if you don’t mind i’d like to sleep now », ah mais je demande pas mieux, j’te fais un oreiller avec mon pull ou tu mets la tête sur mes genoux? Mais nan, mieux, il se lève et m’invite à me lever aussi, l’autre mec va sur sa banquette à lui, et mon squatteur, il prend le dossier, il le lève, et bam, baaaaam, BANQUETTE NUMERO 10!!!!!! Parce qu’en fait, il y avait 3 banquettes en hauteur… Vous pouvez rire, mais j’ai bien dû passer une heure et demi à ronchonner des phrases nominales à base de banquette en lançant des regards de biais à mes colocataires de siège.

S’en suit une nuit assez magique, la tête par la fenêtre, la fumée du train dessine des patterns brumeux devant la pleine lune mordorée, énorme, comme un phare, sur fond de montagne radjastanaise et de villages où les habitants ne dorment jamais.  Dit comme ca, ça fait cliché, mais avec l’iPod sur les oreilles et une bande son adéquate – Three Fish « Tremor Void » – c’était magique. Sauf la saloperie de puce qui s’est évertuée à me piquer au visage et sur les mains, fight à mort qui vit finalement ma victoire par abandon de la susnommée suceuse de sang. (applaudissons au passage l’alliteration en « s ».)

Arrivés à Jaipur après avoir traversé certains paysages jamais vus et inoubliables, le quai de la gare sent mauvais, et cette odeur ne quittera pas la grande artère bondée qui nous mène jusqu’à l’hôtel. Ce cheminement vaudra à Jaipur son premier surnom de « ville de la défécation« , mais il eut été dommage de s’arrêter à ça.

Hôtel sympa, prise de repère. Check. On est prêts à se lancer dans la ville rose, qui n’a de rose que le nom, et le logo des autobus. C’est en réalité un rouge brun très beau, les indiens sont très doués pour les pigments.

Première visite de la ville, on fait des markets au hasard, pas à l’aise, chaque rue qu’on traverse est un défis à la mort, le trafic et les klaxons incessants, bref on finit dans un restau à prendre des take away, en parlant avec un mec, dont l’histoire ne retiendra pas le nom, et qui nous propose de visiter sa factory de bijoux.

Le lendemain, première tentative de visite du city palace local. Tentative abortée par la re-rencontre du mec du restau, appelons le Patedeph, qui nous emmène un peu de force visiter ses factories où il nous montre très très fièrement des enfants de 8 ans en train de tailler des pierres. Moi, forcement, je fais un peu la gueule et fini par lâcher que leur place est à l’école – la tronche de Patedeph – qui nous assure qu’ils ne bossent que deux heures par jours et le reste du temps, c’est école. Ah bah ca alooooors, quel hasard, on est tombé pile au bon moment !

Pris en otage dans sa factory, il sort des monceaux de bijoux, persuadé sûrement qu’on va en acheter 14 containers, et nous tient la grappe jusqu’à la nuit tombée. Dans l’interval, deux bouteilles de Pepsi sont disposées devant nous, mais Patedeph poussera le sadisme jusqu’à attendre une heure avant de les déboucher, avec les dents. Pataugeant dans la mare de bave que j’ai créé en balbutiant « Pepsssiii Pepssssiiiii » (ai-je précisé qu’ici il fait entre 38 et 40 degrés?). Au final, on ressortira morts de faim, de soif, de fatigue, avec trois pierres et un collier – la gueule de Patedeph – que georges aura tenté de bargainer à mort – la guuuueuule de Patedeph – au tiers de leur valeur. J’ai cru une minute que notre hôte allait s’immoler par le feu, mais rassurez-vous, tout va bien, pas de barbecue au programme ce midi.

Troisième jours, deuxième tentative de visite du city palace. On a réussi cette fois à approcher à moins de 200 mètres de la porte lorsque nous somme tombé sur Vicky. Et là, l’aventure commence, mafia, diamant, sexe (ou pas) et narcotiques.

Vicky, étudiant en peinture, nous arrête sur le trottoir, exprimant son envie de parler avec nous pour travailler son anglais. Entre temps, vent de sable et tempête, une pluie moussonique s’abat sur Jaipur. On file donc boire un tchai avec Vicky, et on est vite rejoint par son prof de peinture. Questions habituelles : « on fait quoi dans la vie », « pourquoi on est ici », et quand georges évoque ses études, le prof sort son portable et nous dit qu’il a un ami qui travaille dans l’import/export. En moins de temps qu’il n’en faut pour écrire cette phrase, on se retrouve dans de minuscules rues sombres et dédaleuses, trempés de pluie, jusqu’à un escalier boiteux que l’on monte pour finalement déboucher sur des bureaux luxueux remplis de mecs avec 4 portables dernières générations par poche et chaussures en croco assorties au slip. Chose bizarre, Vicky et son prof ont disparus, et on se retrouve donc chez « l’ami« , qui nous invite dans son office, pierres précieuses en veux-tu en voilà, option Boy qui vient nous porter du thé et qui part en reculant et courbettant.

Bref, l’ami, grossiste en bijoux, et parlant un Français impecc’, locataire d’un appart à 3000 euros par mois dans le marais, mettra peu de temps à nous proposer une affaire en or, tout a fait légale, et qui ne va sûrement pas donner de sueurs froides à ma mere quand elle lira ca :

Rien de plus simple, l’ami nous demande tout simplement de faire passer à peu près 30 000 euros de bijoux, par personne, à la frontière. En tant que touristes, nous pourrions supposément transporter légalement pour 15 000 euros de bijoux en France. Sachant que si lui veut exporter les mêmes bijoux, il paye 250 % de taxes de douanes. Il cherche donc des mules, qu’il chargera de bijoux sous-évalués, pour en mettre plus, à qui il promet 10 500 euros en cash à Paris. Par personne. Le truc est simple, il fait des faux papiers attestants que nous, étudiants fauchés, avons achetés 15 000 euro de bijoux, on va ensemble au post office, on envoie le tout en poste le reste à Paris, et on va les chercher tous ensemble, un flingue sur la tempe, à Paris. À l’écouter, c’est clair comme de l’eau de roche, zéro risque pour nous, au contraire lui risque gros car comme les factures sont à nos noms, on peut decider de garder les bijoux et les écouler nous même – bien sûr, je me vois bien les vendre sur Ebay tiens! – Il s’emploit à nous montrer moultes preuves de sa bonne foi en produisant divers papiers qui à mes yeux ont zéro valeur pendant que son associé étale sur le bureau des carats et des carats de pleeeeeins de pièces d’orfèvreries qui brillent en hurlants « vazyyy, petite étudiante fauchée, transporte-nous, mets toi dans la meeeeeerde, c’est Midnight Express!!! ».

Un peu sonnés, on lui dit qu’on va réfléchir et qu’on le recontactera le lendemain. Comme son business est tout a fait légal, il refuse donc de nous donner sa carte et nous interdit d’en parler à qui que ce soit. Un de ses boy viendra nous prendre a notre hotel à 11H.

À peine sorti, on se rend compte de la gueule du binz, de la merde que ca peut engendrer, du surréalisme du truc… On se sent un peu acculé.

Le lendemain, georges part seul au RDV, pendant que je flippe ma race persuadée que des tueurs à gage à chemise fluo vont venir faire irruption dans la chambre pendant que je prends ma douche, et que la dernière scène du film serait du sang coulant dans le siphon, à la Psychose…

Je tente 11 positions de yoga et 14 mantras mais rien n’y fait, les chemises fluos rodent dans mon esprit.

Finalement, georges revient tout guilleret au bout d’une heure et demi. Il a été emmené dans un palace par l’étudiant en peinture qui etait évidement un rabatteur, qui lui a posé des questions sur le « djiggy djiggy » pendant une heure. georges a refusé l’offre et basta. Affaire classée : )

À part ça, on a fini par voir le city palace, on s’est fait plein d’amis, dont le serveur de notre resto internet qui est vraiment sympa, sauf quand on doit payer, ça lui file une sorte de tension inexplicable. Ce midi, le serveur (phonétiquement : Sanguetouche) s’amusait à tchatter avec un mec sur Yahoo Messenger en lui faisant croire qu’il était une nana, et m’a demandé de venir poser devant la webcam pour prouver qu’il était bien une nana, vous voyez le niveau ? on est pas dépaysé de ce côté-là, et on se marre bien avec eux !

Depuis hier, on traine avec un Français, Mika, qui nous a appris cet aprem à jouer au Texas Hold’em, mais les mecs ont vite voulu arrêter parce que je les ai plumé à sec deux fois de suite et que l’ego masculin refuse la suprématie de la femme au poker… Sur 4 parties complètes, jusqu’à écoulement des pions, je les ai plumés 3 fois, j’pense que bientôt on va miser des pierres précieuses, on est à Jaipur merde !

Cet aprem on était avec Giovanni et Mika dans une boutique de pierres precieuses de dingue où le mec te sort toutes les qualités de pierres devant nous, genre tu demande « ruby », il te montre du ruby pourrave jusqu’au truc qui vaut plus cher que mon iPod, pièce. Le mec, Giovanni, c’est un exportateur de pierres qui fait ça depuis 12 ans, et qui parle simultanément 3 langues : anglais / français / italien, c’est l’auberge espagnol à lui tout seul, mais c’est pas toujours évident à comprendre…

En tout cas, tous ces gens sont bien sympas, on a même du mal à partir de Jaipur, et pour cause, on arrête pas d’acheter des pierres et de faire fabriquer bagues, pendentifs etc… On se prend un peu pour des joailliers : tu choisis tes pierres, tu vas voir un silversmith, tu choisis tes designs, et le soir tu les as, et c’est vraiment du beau boulot, et ça revient beaucoup moins cher que d’acheter sur le Johari market, marché international des bijoux de Jaipur, je vous le rappelle, deuxième capitale mondiale des pierres fine et de l’argent.

Guettez notre retour è l’aéroport, on est pas difficile à repérer, on scintille comme des puff daddy…

À bientôt, et d’ici là,
ne faites rien que Buffy ne ferait pas.

Emilie

ps : desolée pour la longueur du mail, c’est le patron qui va être content…

Les photos de Lalie


Jaipur


Mercredi 4 avril - Udaipur c'est trop ...

Départ de Bombay en mode breakdance, on trace de l’hôtel pour rejoindre l’aéroport juste à temps pour l’avion de midi trente, ne fut-il pas full… Du coup, on réserve le même vol pour le lendemain, après une lutte acharnée devant Airdeccan, le guichet du low cost à l’indienne qui se repère facilement dans l’aéroport avec la baston à la Asterix et Obelix qui se déroule devant en quasi permanence, contrairement aux autres guichets où les préposés se font les ongles nonchalamment.

Bref, re-rickshaw, visitage de guesthouses autour de l’aéroport, sorte de chambres de prison dépravées et sales et financièrement exorbitantes.. on continue à longer la ligne de train en rickshaw sans trop s’éloigner de l’aéroport : que de moyens de transport, pour arriver dans une petite chambre très chère en standard Indien mais raisonnablement clean où on décide de monter le camp.

Le soir, on part se balader dans le quartier autour de l’hôtel, un autre Bombay, un Bombay plus rural, plus vrai. Des petites rues en terre battue cheminent au milieu de moult marchands de choses et d’autres, les enfants s’amusent de rien et les animaux de toutes sortes se fondent dans le décors. On s’arrête dans un petit resto un peu sombre où chaque bouchée délicieuse est une braise chaude dans la bouche qui ne s’éteint jamais. On ressort peu après, goguenards, un peu à cause de la bière mais surtout en raison de l’inflammation au 3ème degrés de 75% de nos visages. Pomepome et moi filons à notre rendez-vous pour récupérer le Saree que nous avions commandé l’après midi. Un petit cours est organisé dans l’arrière boutique pour qu’elle apprenne à l’enfiler, pendant qu’on rigole avec les 3/4 des gens du quartier venus assister à l’essayage : des blancs à Andheri ! et il achètent un saree ! ça doit pas arriver souvent.. Pomepome sort dans sa tenue de gala, en vrai princesse, sous le regard un peu confus des autres indiennes de la boutique, on prend quelques photos..

Départ en avion le lendemain comme prévu pour Ahmedabad, en transit pour Udaipur. Une longue journée à la ville, avec les bagages en attente de notre train de nuit, on savait que ça serait pas une partie de plaisir, pour Pomepome qui avait commençait par les quartiers chics de Bombay, ça a vite tourné au cauchemar jusqu’au larmes. Pas évident de se mettre dans le bain dans cette ville plutôt inhospitalière si on a rien à y faire.

Un raffut cacophonique constant, des rues pleines à craquer où trottoirs, égouts et routes ne font qu’un. Des flux constants et étouffants de milliers de personnes, d’animaux et de véhicules de toutes formes et de toutes taille.. l’Inde quoi..

J’essaye de la réconforter, on se pose un peu.. après un peu de temps, on décompresse, prend quelques clichés des gamins désireux de se faire photographie, et il semble que cette envie se propage aux agents de la circulation qui nous font des signes pour qu’on vienne les rejoindre au milieu du boulevard. Scène surréaliste, on se retrouve à poser avec les agents toujours en train de gérer les multiples files de toutes parts, au milieu de 10 000 klaxonnes furibonds, un souvenir à vie.

L’heure approche, on rickshote jusqu’à notre bus de nuit, classe sleepers, grande classe oui ! on est perché dans une couchette au dessus des autres voyageurs avec la fenêtre ouverte, on navigue au vent, allongés à 3 mètres du sol, dans les routes désormais désertes et calmes, jusqu’à s’endormir doucement… pour se réveiller brutalement à 4 heure du mat’ à coup de cris de chauffeur, on est bainé, éjecté, encore endormis, dans la noirceur chaude et humide d’Udaipur. Pas le temps de flipper ou de se demander où aller, même à cette heure un tout petit comité d’accueil est là pour nous réceptionner, alors que nous n’avions rien organisé, un coup de fils avait quand même dû être donné et tant mieux..

On se retrouve sans savoir trop comment dans un hôtel magnifique pour pas un rond, chambre immense, salle de bain perso avec toilettes à l’européenne, alors que Pomepome tombe de sommeil, je visite un peu, monte sur le toit, extatique à la vue de la vue, un spectacle à couper le souffle, du haut de ce toit surmontant le lac Picholla et toute la ville, ses ghats, ses temples et ses montagnes brumeuses en fond de tableau. Je voudrais bien attendre le levé de soleil mais je tombe moi aussi de sommeil et rejoins mon pom’ dans la suite, pour me plonger dans le lit les yeux imprégnés de belles images..

S’en suivent 5 jours assez paradisiaques à se balader en scooter dans les rues de la ville et en dehors. Un autre lac suit celui que notre hôtel domine, le Fateh Sagar à l’eau bleu turquoise. On monte en haut d’une petite montagne surplomber d’un temple, vue imprenable du Radjastan dans toute sa splendeur.

On descend se baigner dangereusement dans le lac. Et les jours s’enchaînent calmement, paisiblement. Tous les soirs dans à peu près tous les restaurants de la ville jouent le James Bond Octopussy qui a été tourné à Udaipur dans le non moins fameux Monsoon Palace, une sorte de bâtisse désormais un peu décrépit et transformée en Pseudo musée où 3 photos de Chameaux se battent en duel.

Pour y arriver on traverse un Wild Life Sanctuary où on nous dit y avoir des Cheetahs :

Emilie: « Ah ouais ya des singes ? »

Georges: « Nan, Emilie, des léopards, Cheetah c’est le nom du singe dans Tarzan, bonjour les références… »

Pas de léopards en vue, mais ironiquement on tombe sur une petite bande de singes dans un arbre en redescendant du palace, Emilie jubile…

Des singes, ou autre d’ailleurs, on en sait trop rien… 

Dernier soir ici, on se prépare à partir pour Jaipur, la ville des pierres précieuses, sûrement tout aussi belle..

Affaire à suivre…

Les photos de Lalie


Udaipur


Mercredi 28 Mars - Bombay up !

C’est le grand jour, enfin plutôt la grande nuit, mon pom’ arrive, je file à l’aéroport, trois bonnes heures aller-retour quand même, et attends parmi la dense foule d’attente plus longtemps que prévu, en dépit de mon retard à l’arrival 2 of Mumbai international airport.

Pendant une heure je dévisage chaque personne qui sort ; dans le doute de ne pas être à la bonne porte quand enfin je la vois débarquer. On se retrouve en fin de file, affection sans effusions, Inde oblige, elle me regarde dans les yeux, épuisée, et m’annonce en éclatant en sanglots qu’ils avaient perdu son bagage. Arf. Ça commençais bien..

On prend un rickshaw pour rejoindre la gare en vitesse avant le dernier train. À l’arrivée, le driver demande 350 roupies. Je commence à m’embrouiller avec lui assez violemment, ça m’arrive de plus en plus souvent mais c’est le prix à payer pour ne pas se faire avoir. Il faut savoir que le dernier zéro sur le compteur ne compte pas, si ça marque 350 c’est donc 35 roupies, mais pour eux ça vaut le coup de tenter le coup avec les touristes débarquant juste de l’aéroport.

Emilie me dit de lâcher l’affaire, un peu désemparée au fur et à mesure que l’embrouille s’intensifie. Un bypasser écoute de derrière, je me retourne une seconde, il regarde le driver, baisse les yeux et continu son chemin en soupirant. S’en était trop, je lui baine 40 et prend la main d’Emilie désormais convaincue de sa mauvaise foi.

Train et ballade nocturne dans les rues tièdes de la ville. Les grands boulevards de la deuxième capitale indienne, n’en disent pas long sur ce qu’est le vrai visage de l’Inde. Mon pom’ se dit ne pas être trop dépaysée alors que nous arpentons le quartier des banks, et nous dirigeons vers Colaba. Gardons la vrai Inde pour demain, nous devions appeler Alitalia à 11h pour savoir à quelle heure chercher son bagage, tant pis pour le tournage à Bolliwood. On croisera en fait le rabatteur le lendemain qui nous dira que le tournage est reporté au lendemain, even better lui dirais-je.

Dimanche à Bombay south, un bon pallier pour un premier jour, juste assez pour se lancer dans le Bombay plus indien le lendemain. Un sacré contraste entre le quartier du Fort et son majestueux Taj Mahal Palace à 300 dollar la nuit, et le quartier à l’est de marine lines, ses marchés bouillonnants, ses rues comme des torrents de couleurs et de gens, de bruits et d’odeurs, de porteurs de sacs et de camions, qui ne laisse pas le choix: c’est marche ou crève.

On fait un tour sur le Chowpati seafront, et d’ici Bombay ressemble à New York en été, avec ses skyscrapers chaotiques et des routes surélevées. Difficile de se dire qu’à quelques mètres, dans la ville, le tiers monde s’active aussi largement que les rues le peuvent pour transporter, acheter, vendre, vivre.

Réveil à 6h40 pour le tournage de la pub. Emilie reste couchée, un peu déphasée et dépitée de la perte de son sac. Le rabatteur de la veille nous conduit au tournage à Gateway of India près de l’espèce d’arc de triomphe signature de l’ancienne colonisation Anglaise. Petit dèj, changeage et me voilà changé en touriste américain avec chemise hawaïenne orange fluo pétante et short en nylon, on discute avec d’autres figurants indiens avant le débout du tournage, en court de conversation, l’une d’entre elles me demande si j’aime les pizza ? les burgers ? j’lui dis « OH j’suis pas cain-ri hein ! » nan mais sans blague ! non pas que j’aime pas les pizza m’enfin zut. Elle continue en me demandant mon plat favoris: chicken tikka massala (bam!), un hindou en turban se marre derrière..

Le tournage en lui même fut assez pénible après une dizaine de prises, en plein cagnard, je devais faire le touriste, prendre des photos et arriver derrière un jongleur pour le prendre en photo, une bonne 50aine de prises tout de même… Heureusement on a fini un peu en avance, vers 11h, avec 500 roupies chacun en poche, plus une anecdote de Bombay qu’une histoire d’argent donc…

Je rejoins mon pom’ à la chambre, la sort de la vase et la réveille pour aller appeler Alitalia et savoir si le sac était enfin arrivé. Au cours d’une communication téléphonique crépitante dans un des téléphones à roupies de la ville, le mec nous apprend que le sac est bien là, et nous de prendre la longue route de l’aéroport tout de même quelque peu soulagés.

Les photos de Lalie


Mumbai


Jeudi 22 mars - Auroville pas Hérouville

Si Auroville est une secte, et bien je m’en suis bien sorti. J’ai n’ai pas eu à participer à des séances de spiritisme en l’honneur d’un clown en toge jaune fluo, ni à virer mon codevi sur un compte en Suisse pour participer à l’amélioration des relations Aurovillo-Saturniennes et encore moins à refiler un rein et mon passeport pour prouver ma foi en la médecine Ayurvédique.

Bien sorti donc, quelques jours, par chance, au sein d’une communauté, ce qui contrairement à ce que certains pourraient penser, n’est pas une sorte de repère de glandeurs soixante-huitards fumeurs de hash mais plutôt un réel effort de citoyens du monde à s’unir pour vivre en paix et dans le respect de leur environnement. Hollandais, Russe, Français, même un mec du Kazakstan, la plupart profs pour les enfants de la ville ou chercheurs en énergies renouvelables, solaire principalement, un secteur où Auroville s’investit beaucoup.

Évidement, le tourisme reste une des sources de revenu majeure, au grand dam de certains qui y voient une contradiction avec le principe de participation de chacun, mais la plupart, au contraire, savent que la visite des voyageurs est un moyen de véhiculer les idéaux et aussi quand même un moyen de ramener de l’oseille.

Personnellement, je le conseille donc à tout le monde qui passera dans le coin, mais ne vous attendez pas à ce que les Auroviliens vous attendent les bras ouverts, avec une pancarte de bienvenue, un grand sourire, de la musique et des ballons, ça nan, vous serez parqués dans un des nombreux guest-houses et ne croiserez peu ou pas les Auroviliens, blasés des allées et venues des uns et des autres et occupés à la progression du projet Auroville. Un soir, je rentre à la communauté, passe par la cuisine et croise trois d’entre eux en train de préparer l’implantation d’un centre d’information en Russie. Après quelques minutes et autant de questions posées à l’un et à l’autre, ma curiosité est priée de rester là où elle est et de bien vouloir les laisser continuer cette conversation réellement plus importante que les questions futiles et redondantes d’un autre guest de passage.

Mais ce qu’il faut retenir d’Auroville, située au milieu de la foret Tamoul, c’est une flore luxuriante et une faune tout aussi surprenante, qui donne vraiment pas le mal du pays.

Parqué avec les autres guests donc, je finis mon séjour entre Pondi et Auroville, avec fière allure au volant de ma mob à sacoches et malgré la circulation chaotique des rues et routes Indiennes. Après deux mois d’observation, je ne saurais pas dire si la priorité est à gauche ou à droite, elle semble être donnée aux animaux puis aux gros véhicules, bus et camion, aux voitures chères type Mercedez ; et à taille et valeur équivalente, à celui qui roule le plus vite ou klaxonne le plus fort. Car il faut le savoir, le klaxonne c’est la première langue officielle de l’Inde. Et puis bon, sans panneaux, lignes, ni feux il faut bien se débrouiller et se rappeler que la taille de sa file est inversement proportionnelle au nombre et à la taille des véhicules qui se trouvent dans l’autre file, que rouler à contre sens est tout à fait acceptable et que doubler est dans toute situation permi à tous, à savoir, piétons, vélos, scooters, chariots, carrioles, voitures, camions, bus et animaux.

Mais cela semble pas trop mal fonctionner, comparativement aux risques d’une telle configuration et malgré la frénétique envie de vitesses de certains agressive drivers, c’est finalement les occidentaux qui sont le réel danger imprévu, car la priorité se donne ou se laisse selon une certaine compréhension mutuelle qui fait parfois défaut entre deux cultures différentes.

Dans deux jours mon pom’ arrive à Bombay, alors je check out de mon guesthouse dans la matinée, rends ma meule et me fais prendre moi et mes 15 kilos de sacs à dos derrière le scooter en peine du mécano jusqu’au bord de la ville. Je stoppe le bus pour Chennai, vers midi, après 4 heures de route je me pose au gigantesque Mofussil terminus pour manger sur un coin de banc en speed et file à l’aéroport, largement en avance pour mon vol de 18h15 to Mumbai avec Air deccan, le low cost à l’indienne. Entre les bousculades avec les clients et l’ignorance assumée du staff, je parviens à m’informer, le vol est fully booked, et l’espoir que quelqu’un se désiste est mince. Prochain vol à 5 du mat’ dans 15 heures, soit, je le prends et puis on the bright side j’arriverais pas à minuit à Bombay sans savoir où aller, mais à 7h du mat’ sans savoir où aller, ce qui améliore nettement les chances de ne pas se paumer.

S’en suivent donc 15 heures finalement assez sympas à l’aéroport, entre les négociations avec les gardes peu enclins à me laisser entrer l’aéroport pour un vol le lendemain, les discussions sur les bancs de salle d’attente et la chance de pouvoir pirater un réseau wifi qui m’accorda un accès au téléphone et à l’internet, je prend donc mon vol en m’étant tenu éveillé overnight.

Je me renseigne avant de sortir de l’aéroport, un conseil que je donne au passage, toujours lire un peu son guide et faire un tour au tourist information avant de se jeter en pâture à la foule d’attente à la sorti de l’aéroport, ne serait-ce que pour savoir à peu près vers quel coin aller et comment. Je me décide pour le train, et marche jusqu’à Ville Parle, déjà un peu dans le gaz. C’est grand Bombay me dis-je au milieu des 40 minutes de train, je suis dans un wagon de 20 m2 avec une bonne centaine de voyageurs, tous indiens, debouts, assis, pendus aux poignets et accrochés dans le vide aux portes grandes ouvertes de la rame, ne semblant pas forcement se connaître mais partageant une sorte de conversation collective assez gaie et mise en musique par l’un d’entre eux, peu soucieux de son niveau de batterie de portable. J’arrive un peu paumé et de plus en plus cassé à Church Gate, visite quelques chambres sur Colaba et m’écroule enfin à 11 h du mat’ dans l’une d’elle après avoir posé mes 15k de bagage et épongé tout autant de sueur.

Mon pom’ arrive demain, je bosse un peu l’itinéraire chambre-aéroport et me fait enrôler dans le tournage d’une pub le sur lendemain à Bolliwood. En entendant les négociations entre le rabatteur et d’autres occidentaux dans le couloir de l’hôtel, le rabatteur a besoin de plein d’entre nous, je tente ma chance en sortant ma tête de la porte et me fais engager pour 500 roupies pour faire de la figuration dans une pub de 7h à 2h de l’aprem. On m’avait dit que ça arrivait tout le temps mais je ne pensais pas que ça m’arriverait le premier jour quand même, bref, je suis ravi et impatient de dire ça à Émilie, qui n’en fini pas d’arriver.


Mardi 13 Mars - Journée de fou

Encore une excellente journée, je suis parti ce matin conquérir le monde au guidon de ma mob’ à sacoches sans détours. Les petits chemins aussi sinueux qu’argileux ne me font plus peur, je double même les vélos à pleine vitesse et franchis les dos d’ânes, les gendarmes couchés et autres ralentisseurs sans la moindre appréhension, ah, c’est vraiment l’aventure !

Carte en main et boussole dans mon sac, je m’oriente comme je peux dans cette jungle rurale. J’esquive les nids de poules avariées, tente tant bien que mal d’éviter les malentendus avec les autochtones, ces abominables végétaliens chercheurs d’embrouilles qui n’hésitent jamais à ouvrir les gaz pour doubler frénétiquement dans les plus obtus des virages alors que ma brelle est déjà à pleine vitesse. Même les animaux essayent de me refouler, j’ai surpris une famille de bovidés à contre sens sur le chemin, roulant à la Française, sur le mauvais côté de la route rien que pour freiner mon allure ou peut-être m’embrocher une jante, une bien piètre vengeance pour toute les côtes de bœuf qui se sont vues massacrées par ma fourchettes et mon couteau aiguisés.

On m’empêche même de pénétrer le Matrimandir, sorte de méga Rocher Suchar gardé par des barrière en bois et une corde amovible résistante à toute épreuve. J’arrive tant bien que mal à prendre quelques photos du géant en chocolat, mais mon instinct me dit que je ne suis pas de taille et que mon destin me mènera vers des adversaires plus raisonnables. Dans ce défi photographique j’aperçois quelques paons au cris stridents, cherchant Léon (?), probablement leur maître, visiblement désoeuvrés, j’empoigne comme je peux mon appareil, mais un plus grand prédateur me guette, un singe sauvage bondit au-dessus de moi comme un lion féroce au cirque Pinder, s’en est trop, je selle ma 50cc, retourne à l’abri dans ma chambre, remet cette conquête du monde à demain pour en finir avec cette journée de fou…


Lundi 12 mars 2007 - 1 jour à Auroville

Je suis sûr que comme moi, un jour, quelque part, sans savoir trop où, vous avez déjà entendu parler de cette curieuse ville. C’est il y a un mois en discutant avec quelqu’un qui était passé à Pondicherry que les souvenirs me sont revenus, même si je n’en suis pas certain, je pense avoir lu dans un livre d’histoire, il y a très longtemps, quelque chose à propos de ce vieux rêve de soixante-huitard qui a quand même été, le 28 février 1968, inauguré par le président indien et des représentants de 124 pays différents.

Après 24 heures ici, je n’en sais pas beaucoup, mais je ne peux pas rester indifférent à cette vision quelque peu utopique, très largement controversée mais somme toute pleine de bon sens. J’ai trouvé sur mon chemin beaucoup de gens qui en parlaient, et peu de gens qui avaient pris la peine de comprendre ou d’étudier, je ne voulais pas faire parti de ceux là. Point barre.

Bien sûr, je ne pourrais pas en un jour sur place faire une présentation exhaustive, rappelons tout de même le principe. Auroville, sous la joute des principes de « the mother » est une cité en dehors de tout état, où le droit de propriété n’existe pas, où les citoyens du monde peuvent vivre en paix et en harmonie en dehors de toutes considérations politiques ou de nationalité. Constituée d’un tiers d’indiens et de deux tiers d’étrangers, les 1700 résidents, en l’échange d’un apport en industrie et d’une intégration sans faille des grands principes, peuvent se déclarer Auroviliens.

Cercle de 10 kilomètres carrés dessiné par l’architecte Roger Anger, dont le centre est Matrimandir, cette salle de prière un peu extravagante que je n’ai encore vu qu’en photo, sorte de Ferrero Rocher géant, la ville, comme une spirale, une nébuleuse certains osent, est divisée en quatre pôles : culturel, international, industriel et résidentiel.

Je vous passe la vision spirituelle à laquelle j’adhère assez peu et que je ne décrirais que très mal. Personnellement, je trouve qu’au delà de l’espèce de panneau défraîchis « peace and love » que les gens placardent sur cette ville sans même y avoir été est regrettable, et qu’un peu de paix, de collaboration et d’internationalisme ne nuiraient pas à notre fichu « liberé, égalité, fraternité »…

Et j’ai passé une super journée, bon il y a quelques formalités un peu pénibles pour les « guests ». Hier, je suis arrivé tard, en fait pas tant que ça mais j’ai commencé par être accosté un Israélien qui était dans mon bus, c’était son deuxième voyage ici, donc je le suis, toujours un peu paumé comme d’hab.. On visite deux trois accommodations, des huttes en bambou pour la plupart, avec juste un matelas à même le sol. Je commence à flipper pour tout dire, c’est con mais j’aime encore bien avoir un lit et de la lumière et une moustiquaire et que mes fringues tombent pas entre deux bambous, bref, j’ai pas encore les cheveux assez long encore une fois. On visite une dernière hutte, sympa celle là faut dire, toute ouverte, avec une « terrasse » et vu sur la mer.. L’israélien qui venait d’éplucher sa mangue au cutter, à qui j’était pas sûr de faire encore tout à fait confiance, me convainc de partager la chambre ce soir et de voir demain. On se fait monter une moustiquaire, je demande à voir une carte d’Auroville, on y était même pas, c’était genre banlieue, ou beach resort si vous préférez. D’un coup, je réalise que même le doux bruit de la mer ne me ferait pas changer d’avis, je veux aller la où ça se passe, au centre, ou peu importe, mais pas là. On se sert la main et j’me barre avec mes 15 kilos sur le dos, j’entame la marche. 3 ou 4 kilomètres après je fini par arrêter un rickshaw, j’suis décidément pas Roots comme on dit, et me fait emmener au visitor center qui fermait dans les 10 minutes. Anna, une galoise assez âgée me prend en charge, passe des coups de fils, attend un peu avec moi et essaye de m’indiquer un Guest House que je ne trouverai finalement jamais. Je repart à pied, dépasse et repasse dans les petits chemins, en perdant patience, demande un peu d’aide et me fait indiquer un autre endroit. J’arrive sans grand accueil et me fait finalement recevoir par Anton, qui m’explique qu’il a bien une chambre de libre mais que normalement il ne prend pas de gens dans la « communauté » moins de 8 jours et que quelqu’un arrive dans la semaine. Comme il est tard et qu’Anton est un bon gars (il ressemble à Flander dans les Simpson’s mais vous lui direz pas), un peu à contre cœur je dois dire, me lâche la chambre. Enfin la chambre, c’est plus un appart avec terrasse, salon, salle de bain et même un câble internet, pour 6 euros par jour (180e par mois donc).. Je suis aux anges. Cuisine commune, ce qui évite la cantine, nan vraiment le seul Hic c’est les WC turc, mais bon, c’est l’aventure lol..

Aujourd’hui je commence par les formalités après m’être séché au soleil sur la terrasse hehe, obtention de guest card et de quelques adresses pour louer l’indispensable mobilette à 1 euro, moins chère qu’un scoot ou une 125cc. Je pars donc avec fière allure faire deux trois courses pour le midi qui se décala progressivement vers les 15h. Et pour cause, sur la route je croise Jana, un prof que des « potes » avaient rapporté au bus la veille. On prend un café ou deux, je ne manque pas de lui communiquer mes recherches d’opportunités et il m’invite à un cours cet après midi. Le temps que je tente tant bien que mal de remonter le moral de mon pom’ et de son petit coup de blouze, que je me fasse une salade à la maison et rencontre un peu ma ‘communauté ». J’arrive donc un peu en retard au rendez-vous. Mais Jana est là avec d’autres, qui m’expliquent que c’est une introduction à son cours de Yoga, difficile de se faire excuser maintenant, alors nous voilà partis dans les petits chemins tortueux menants à la forêt. On stoppe dans un coin, marche un peu et se retrouve devant un Banian immense, limite aménagé pour les cours de Yoga. (le banian, c’est ce grand arbre qui se replante lui-même en faisant des racines à partir des branches qui tombées vers le sol)

En plein milieu de session, où j’avais déjà complètement décroché, le portable du Yogi se met à sonner comme un crissement de vinyle qui saute, sacrée rupture, on en rigole un peu.

Ayant déjà pris quelques cours, je pense pas que Jana soit un très bon Yogi, déjà parce qu’il chante faux, qu’il porte des fausses lunettes de soleil Oakley transparentes et qu’il m’expliquera qu’il a pas encore de certif. Mais y’a pas à dire, c’est un mec sympa, et moi je m’en fiche qu’il se paye sur les jeunes de passage en distribuant ses pseudos cours de Yoga. Du coup on rentre ensemble et je l’aide à créer son site pendant pas mal de temps. Temps pendant lequel j’en profite pour checker le mec du cyber qui m’autorise à organiser une session « internet » le lendemain et me dit qu’il serait quasi partant pour cette histoire de site web auquel je crois tant..

Demain je visite un peu plus pour continuer de forger mon opinion mais ce dont je suis persuadé à ce stade, c’est que l’endroit est tout bonnement magnifique, faune et flore confondus, un doux mélange du Luberon et de la Guadeloupe, et que les gens, même les indiens sont ouverts, et pas du tout barrés comme j’aurais eu tendance à l’imaginer.

C’est Auroville pas Hérouville hein.


Samedi 10 mars 2007 - Pondi chérie !

Arrivée à Madras alias Chennai depuis 97 vers 2h du mat’, encore une ville dont le nom considéré pas assez Indien a été changé dans les années 90. Je partage un rickshaw avec un étudiant en médecine de Bangalore qui venait de passer une semaine à Houston où peut-être il avait croisé David (alias Fresh) qui y était à ce moment.

Difficile de trouver un hôtel à cette heure dans le chaos de Madras, heureusement le driver est un chouette bonhomme et il me fait visiter hôtel après hôtel sans broncher. Notre rickshaw fuse à travers les rues faussement calmes de la ville, où beaucoup dorment sur les trottoirs, quelques vaches paressent, tandis qu’à quelques pas, les chiens et les rats s’activent, sortes d’éboueurs nocturnes qui feront parmi les immondices le tri entre quelques nourritures et ce qui sera brûlé quand l’accumulation sera suffisante.

Alors que l’heure tourne, je décide finalement de retourner à l’hôtel Comfort, cher, 420 roupies, mais raisonnablement propre si l’on soustrait l’odeur indéfinissable qui émane du matelas. Tant pis pour cette nuit, demain il fera jour.

Le plan du quartier vaguement en tête, j’entame une petite visite matinale dans la ville décrite comme « Bombay sans charme » dans mon guide. En effet, au saut du lit, la ville me faisait l’impression d’un curieux mélange entre une fête foraine et les 24 heures du Mans. Sur ma route un Sri Lankais édenté me raconte l’atrocité de la guerre dans son pays où ils brainwashent les enfants avant de leur mettre un fusil dans les mains. C’est un prof, exilé politique qui a fuit son camp de Madurai pour venir chercher du travail à Chennai. Il me décrit la corruption Indienne qui fait que celui qui obtient le job, c’est celui qui offre le plus gros bakchich au recruteur. Il m’explique qu’il veut rentrer jusqu’à son camp mais qu’il n’a plus un rond. Je lui donne quelques pièces et continue ma route, un peu dépité.

Comme prévu j’arrive à ce qui été décrit dans mon guide comme un rond point. C’est plutôt un « triangle point » de la taille d’un terrain de foot, où des dizaines de vélos, pousse-pousses, rickshaws, voitures, camions, bus se klaxonnent, se roulent littéralement les uns sur les autres dans un bordel monstre ahurissant.

Je renonce à traverser la rue, le flow chaotique, renonce à visiter Fort St George, du moins à pied.

Après m’être perdu pendant une bonne heure dans les ramifications de Triplicane, je retrouve enfin ma chambre, mon bouquet garnis, me pose deux minutes, fait mon sac et file à 10 bornes de là, au Mofussil Bus Terminus, la plus grande station de bus de toute l’Asie, comparable à un aéroport, où un bus part toutes les 10 minutes pour Pondicherry.

Quatre heures de courses, juste assez pour regarder un film qui allie le chant et la danse avec le comique, l’action, les sentiments, une fille, un héros et un vilain moustachu comme tous les films de Bollywood. Personnellement, formaté à l’occidental, j’ai décroché au bout de deux heures…

Et voilà, déjà 4 nuits et 3 jours à Pondicherry et ça donne presque envie de s’y installer, ex-colonie, l’influence de la France est ici encore palpable. Gérard de Montmartre tient d’ailleurs l’hôtel où je me trouve. En lui parlant de mes projets, il m’indique un de ses amis, Patrick, menuisier qui peine à s’exporter et que je décide de rencontrer le lendemain.

Je toc à la lourde porte de Easychair, une femme ne parlant ni Anglais ni Français me fait signe d’attendre. Patrick Lafourcade, la soixantaine, barbe et cheveux aussi blancs que démesurés, n’est pas avare sur les détails de sa vie et de son travail, du très beau mobilier en bois exotique fait main, plus cher qu’Ikea mais indiscutablement plus solide. On parle prix, transport, délais, clientèle, capacité de production. Peut-être y a-t-il quelque chose à faire, je ne sais pas, Boris mon beau père antiquaire semble en douter, je vais chercher ailleurs…

Depuis quelques jours me taraude l’idée d’aller faire un petit séjour à Auroville, cité utopique, non loin de Pondi. J’me dis que je n’aurais surement pas d’autres occasions de me forger ma propre opinion sur cette curieuse ville largement controversée. En plus mon proprio me dit que la ville est très productive et dynamique à l’export. A voir donc..


Vendredi 9 Mars 2007 - Mission Zéolithes : aborted

[edit 2022 : Pour remettre dans le contexte, un des mes projets en allant en Inde était de prospecter pour une entreprise dans le retraitement de l'eau. Nous étions sûrs qu'il y avait sur place des mines de Zéolithe, mais il était important pour l'utilisation de celle-ci, qu'elle soit de type chabasite.. ]

 

From :        georges

To :           claus@hedegaard.com

Date :        Mar 1, 2007 3:16 PM

Subject :    Information on Zeolithes

 

Good evening,

I am sorry to bother you but you seem to be a fine expert in minerals. I have read on your website that some Zeolithe quarries were located on the Deccan Plateau east of Bombay.
Have you ever been there?
I am prospecting India to find Zeolithe of Chabazite type only, do you think I could find some in Pune Area?
If not, where in India? or near..

I understand you must have a lot of questions to answer but I am really lost here, and I don't want to trip thousand of miles if someone like you can assure me it is hopeless.

I hope you could answer me whatsoever.

I am looking forward to hearing from you soon.

Yours sincerely,

georges langear

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From :       Claus Hedegaard

To :            georges

Date :        Mar 5, 2007 4:45 AM

Subject :    RE : Information on Zeolithes

 

Dear friend,

Thank you very much for your mail.


> on the Deccan Plateau east of Bombay.
> Have you ever been there ?

Yes, I visited Pune & many quarries in the area some years ago.

> I am prospecting India to find Zeolithe of Chabazite type only, do you
> think I could find some in Pune Area ?

Chabazite (s.s. & s.l.) is relatively rare in the Deccan Plateau,
contrary to the N. Atlantic, where it is extremely common.
My own collection (13,000+ records) has no entries of Indian
Chabazite
/Gmelinite and the most likely references in my library (viz,
Brown, J. Coggin & A.K. Dey. 1955. India’s mineral wealth, 3rd ed. and
Wadia, Meher D.N. 2000 (1994). Minerals of India, 5th ed., 3rd
printing) do not refer to any deposits.  Did you check the fairly
recent publication in Mineralogical Record on Indian Zeolites or
Tschernich, Rudy W. 1992. Zeolites of the world?  I have not checked
these ressources!

> I understand you must have a lot of questions to answer but I am
> really lost here, and I don't want to trip thousand of miles if
> someone like you can assure me it is hopeless.

I can not assure you it is hopeless, merely difficult!  I believe I
have seen 'Chabazite' from the Deccan once but it is very rare, I am
sure.  I have seen literally tons of zeolites and never seen any
Chabazite.
  However, if you ever wish to turn to the Færøerne or N.
Ireland, i can assure you of abundant 'Chabazite' in 9 of 10 deposits!
And I will be delighted to supply you with localities.

All the best

Claus

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mission: aborted.