Lundi 23 Avril - Épilogue illogique

Trois mois. Trois mois de vagabondage, de surprises, de moments difficiles, mais surtout trois mois inoubliables. Trois mois du sud au nord de l’Inde à suivre les chemins tracés par le Lonely Planet, ce bouquin épais comme le bottin, qui se ballade dans les mains de tous les babtous en vadrouille.

De toutes manières, je pense que chacun voyage à sa façon, chaque voyage est unique, vous pouvez rencontrer 10 personnes aillant visité les mêmes endroits, jamais vous n’entendrez deux fois la même histoire, alors que certain auront passé les meilleurs moments à un endroit, le même aura été le pire des cauchemars pour d’autres… En revanche, force est de constater malheureusement que les plus beaux endroits sont toujours les plus touristiques, ceux où la pression des vendeurs, des rickshaws drivers, des enfants est la plus forte. Une sorte de sollicitation constante dont il faut finir par faire abstraction. Le pire, c’est de réaliser qu’aucune rencontre dans ces endroits-là ne mènera à autre chose que votre main à votre portefeuille. Il faut le savoir. Les arnaques sont présentes à chaque coin de rue, et même en prenant garde on tombe toujours dans les mailles du filet à un moment ou à un autre, en pensant avoir un bon feeling, ou tout simplement pour essayer de se prouver que toutes les rencontres ici ne sont pas que vénales, en vain…

À Bombay, je passe la soirée avec Manou, on vadrouille de bars en bars, il devient saoul assez vite et n’a en fait en tête que de se faire payer à boire et à manger. À Jaipur, un mec nous alpague, nous invite à prendre un Chai, on se raconte nos vies, je lui dis que je cherche des opportunités en Inde, impek, il a un ami qui bosse dans la joaillerie et qui cherche des gens. Scam typique parait-il, il envoie des bijoux en France que vous êtes censés avoir acheté ici, le tout pour éviter les taxes. Il te promet 10 000 euros en échange. Tentant. Une arnaque bien sÛr, une arnaque qui peut te couter les droits de douanes, la valeur des bijoux, voire les deux… Il avait déjà un bon dossier de passeports, tous récents, les pauvres…
On est tombé Emilie et Moi ainsi que Mika, un compagnon de voyage, quasiment simultanément malades comme des chiens, bloqués à Agra. En lisant le guide, il disait qu’un vieux scam avait à priori disparu, des restaurants empoisonnaient des touristes, les menaient à des médecins sans scrupules pour extorquer quelques milliers d’euros aux compagnies d’assurance. Je peux vous dire que quand le tenancier nous a demandé si on avait une bonne assurance on a mis les voiles direct.
Et tous les jours, les mauvaises surprises succèdent aux bonnes et vice-versa, c’est pour cette raison qu’il faut savoir prendre de la distance dès les premiers doutes, en s’excusant, filant à l’anglaise. Heureusement, il arrive d’avoir des bonnes surprises, les indiens sont des gens d’une gentillesse et d’une hospitalité remarquable, il suffit juste de tomber sur les bonnes personnes, comme partout en somme.

Que de souvenirs en tout cas, pour le meilleur et pour le pire. Personnellement, je définirais l’Inde comme le pays des contrastes juxtaposés. Se tenir devant les skyscrappers sur le seafront à Bombay, marcher cinq minutes à l’intérieur de la ville et se retrouver dans un petit marché en terre battue, être ramené cent ans en arrières au milieu des animaux et des enfants qui jouent à se courir après dans vos pattes, et croiser une indienne en Saree avec un téléphone portable qui laisse le tient à la niche. Continuer dans la ville et manquer de se faire renverser 3 fois par une grosse Mercedez blanche alors que toi tu essayes d’éviter les pousse-pousse et les Zébus. Prendre une grande bouffée d’air emplie d’odeur de curry et d’encens et se retenir de rendre la seconde d’après en passant au dessus d’un conduit d’égouts et d’un tas d’immondices

Le pays des surprises aussi, je dis surprise mais certains prendront ça pour des aberrations. Le code de la route quasi inexistant, l’absence de poubelles dans la rues et de papiers toilettes dans les toilettes, les portes des trains qui ne ferment pas, les gens qui dorment à toutes heures dans les endroits les plus insolites (dos de camion en route, toits d’échoppes ou de taxis..), les animaux : vaches, zébus, biquettes, chiens et autres qui se baladent à droite, à gauche, aussi bien sur le trottoir que sur la route, l’absence du concept de queue à la file indienne (on devrait dire file des indiens d’Amérique d’ailleurs)… c’est bizarre, la liste pourrait continuer indéfiniment, mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que dans ce tableau en apparence chaotique, les choses se passent relativement bien, le klaxon comme moyen de communication sur la route où chacun prend garde aux animaux, les gens derrière les comptoirs apprennent à gérer plusieurs personnes en même temps et quand assez de détritus sont rassemblés, ben quelqu’un y met le feu et brûle le tout…

 

Trois mois donc, moi qui devait rester cinq.. Pas que je n’en puisse plus, bien au contraire, mais il semble que je suis venu cherché ici quelque chose que je ne parviendrai à trouver.. Je pensais pouvoir trouver du travail, ou un moyen de me créer du travail ici, gagner ma croute quoi, en vain. Les opportunités que j’attendais ne se sont pas présentées, je n’ai pas rencontré les bonnes personnes ou chercher aux bons endroits je ne sais pas… J’aurais toujours pu commencer avec un salaire indien, mais vous vous voyez vous toucher 100 euros par mois ?

Toujours est-il qu’il semblerait que les choses aient bougé en France et que je puisse commencer à creuser mon trou. Il me tarde de travailler en fait. Finies les vacances.. De toutes façons, j’ai fini par me rendre à l’évidence, peu importe le temps que je resterai ici, je serai toujours un touriste. J’ai entendu l’histoire de gens qui vivaient ici depuis des années et qui n’étaient toujours pas intégrés. La différence de culture est trop grande. Tolérés mais pas intégrés.

En revanche, aussi rapidement que les rues s’étendent, les mentalités changent à une vitesse impressionnante, spécialement dans les grandes villes, il y a encore quelques années une femme dans la rue en Jean’s était juste inimaginable, et aujourd’hui les premières mini-jupes font leurs apparitions… Sans rentrer dans les détails de la culture Indienne, détails avec lesquels je suis d’ailleurs assez peu familier (Castes, Marriage forcé…), je peux dire sans trop prendre de risque qu’il ne faudra pas beaucoup de temps pour que les choses changes, on va dans un futur très proche voir émerger une autre puissance capitaliste, qui sera forgée sur un modèle diffèrent, marquée de son histoire et de ses traditions mais bien décidée à prendre une place d’honneur dans l’économie de marché mondiale.

Et comme disais Vicky, one of my « friends »: « In India, everything is possible », c’est pas faux, tout ce qui n’est pas interdit est possible et il y a peu d’interdictions, surtout quand on a de l’argent… Un autre pote, Yorgis, avait une formule consacrée qui ponctuait chacune de ses phrases : « it’s India man, It’s Crazy », j’ai toujours trouvé que ca résumait bien tout…

 

Des beaux souvenirs donc, la découverte de Thiruvananthapuram, les palmiers de la plage de Varkala, les cours d’hindi à Aranmula, le week-end sur le bateau au milieu des Backwaters, les tournages, l’ambiance et les rencontres de Fort Cochin, rien de bien à Chennai, les petites rues calmes et propres de Pondicherry, Rue Surcouf, Rue labourdonnais, les chemins argileux, la faune et la flore d’Auroville, les grands boulevards et les monuments de Bombay, les flics d’Amedhabad avec qui on a pris des photos au milieu du trafic, le lac Picchola d’Udaipur, les ballades en scotters, le monsoon palace (on a beaucoupbeaucoup aimé Udaipur nous.. ) ; les marchés de bijoux de Jaipur, le Taj Mahal d’Agra..

Et surtout les rétines pleines d’images, les oreilles pleines de sons, de bruits, de cris, de musiques, de quoi se donner le courage de rentrer en France, de se lancer enfin dans la travaillosphère, un milieu assez fermé de nos jours, mais qu’il va bien falloir se décider à accéder…


Mardi 11 avril - poinçon d'avril

Départ de la gare d’Udaipur à 21h40 en classe Sleepers, un excellent moyen de voyager pour pas cher. Bel exemple de civilité de la part des Indiens d’ailleurs, un tel mode de transport serait juste inimaginable en France. Déjà que dans un wagon bien rangés de la SNCF sur deux, vous pouvez être sûrs que des « usagés » se disputeront tantôt pour une histoire de sièges usurpés, tantôt pour affaire de bruit intempestif, la classe Sleepers serait je pense une sorte de tuerie collective dont peu sortiraient vivants :

10 places assises se convertissent en 9 couchettes, équation improbable qui fonctionne grâce aux arrivés et aux sortis au cours de la nuit. La prouesse, c’est le passage en mode couchette, qui s’opère co-opérativement et simultanément pour tout le monde. Emilie, parisienne un peu déboussolée sur SA banquette numéro 9, voit les gens arriver et s’asseoir sur SA banquette numéro 9. Certains mangent, d’autres lisent le journal, mais Emilie elle, elle flippe, sans broncher, elle est sur SA banquette et elle aimerait bien pouvoir s’allonger sur SA banquette. Dilemme. Comment expliquer au gens que, bon, elle veut pas être désagréable mais elle aimerait bien pouvoir profiter pleinement de SA banquette pour dormir. D’ailleurs, ils vont dormir où tous ces gens ? Peu importe, mais pas sur la banquette numéro 9. Elle patiente dans l’angoisse, en suspens de couchette…

Au bout de quelques temps, venu de nul part, le mécanisme se met en branle et tout le monde le sait, c’est l’heure. Sans un mot échangé ou une annonce du conducteur, les gens se lèvent et organisent le dortoir. D’un commun accord, les banquettes se déplient et s’attachent de part et d’autres de la rame, chacun retrouve sa place, les lumières s’éteignent progressivement et les discussions s’effacent jusqu’au lendemain, où quand tout le monde sera réveillé, le train repassera en position assise.

On arrive donc à Jaipur, deuxième capitale mondiale de la joaillerie et capitale number one du racolage. En effet, faut un peu s’accrocher et tenter de faire abstraction des sollicitations quasi permanentes. Traversez MI road, si vous y parvenez, et poussez jusqu’à New Gate, un petit kilomètre à pied. À n’importe quelle heure du jour, on vous appellera pour une bonne trentaine de rickshaws, plus les restaurants. Ça vous coûtera une bonne dizaine de roupies de vieux mendiants sympas. Et jusque là tout va bien. Parce qu’il faut que vous parveniez à New gate sans vous faire alpaguer par un mec sympa qui veux parler anglais avec vous pour progresser, qu’il vous invite à prendre un Chai avec son prof de peinture qui dit connaître un joaillier qui a sûrement des opportunités intéressantes et qu’IL FAUT rencontrer. Et vous faites, vous avez pas le choix si vous voulez pas passer pour un connard malpoli qui aime pas les indiens. Vous arrivez dans une espèce de bureau de luxe alors que y’a 10 secondes vous montiez un escalier dégueulasse sans lumière avec les marches inégales. Deux mecs te reçoive, l’un parle français, très sympa, très convaincant. Toi, tu sais pas trop pourquoi tu es là mais quand tu apprends qu’il loue un appart à 3000 euros dans le troisième tu te dis que tu bosserais bien avec lui. Alors tu restes. De toutes façons, il fait la conversation. Il a un truc pour toi. Un truc honnête. Il te prépare un paquet avec des bijoux, valeur 15 000 euros, le maximum qu’un touriste peut ramener en France, tu va les chercher avec lui à la poste en France, il te file des thunes : nice and easy. Comme les taxes sur les bijoux c’est 250%, tu lui fais gagner 37 000, du coup, il te file 10 000, 20 000 pour deux personnes…

Il t’explique tout en détails, ça parait clean, il répond à toute ta méfiance par du bon sens, il te met dans sa poche et tu te vois déjà avec la liasse de 10 000 dans les mains. Mais tu demandes, quand même, une nuit pour réfléchir, ça parait trop beau pour être vrai.
Du coup tu sorts du shop, il fait nuit, tu voulais aller visiter des trucs et du coup tu as passé ton après midi de visite à te faire tenir la jambe par une file indienne. Tu tournes le truc dans tous les sens, il dois y avoir un vice dans cette histoire de 10 000 euros et puis t’as toujours pas vu New Gate..

On marche une petite dizaine de minutes et on tombe sur un autre filon indien, enfin c’est plutôt lui qui te tombe dessus, des mecs sympas qui parlaient bien anglais cette fois, pas des rabatteurs, pas cette fois, des étudiants qui te proposent d’aller boire un chai.. tu acceptes en te disant que tu n’auras pas passer plus de 10 minutes seul à seul avec ta copine plus de 20 minutes aujourd’hui, tant pis pour aujourd’hui, et puis c’est toujours sympa de parler avec des locaux, quand ils essayent pas de te vendre tout et n’importe quoi ou qu’ils essaient de te convaincre que gagner dix mille, c’est facile. Tu bouffes avec eux, ils sont de plus en plus nombreux et tu passes un bon moment. Comme 50 % des gens à Jaipur, l’un d’eux bosse dans les bijoux, tu peux pas t’empêcher de lui demander ce qu’il pense de cette histoire de transport de bijoux, toi tu es déjà retombé un peu les pieds sur terre, maintenant que tu n’es plus en face du mec, ça te parait être la plus grosse arnaque du monde. Il te demande si le mec en question ne parle pas français, bingo, il connait le type et il faudrait mieux pas qu’on accepte si on veut pas se retrouver à payer des milliers d’euros de droits de douane pour des bijoux sur lesquels on mettra jamais la main. C’est bien ce qu’on pensais..
Le lendemain, j’attends devant l’hôtel à 11h comme prévu, le premier mec qu’on avait rencontré la veille vient me prendre, on va boire un chai, son prof nous rejoint, comme la veille, et il me dit que le boss est occupé, qu’il peut me recevoir que plus tard, je me lève un peu lassé et lui dit que de toutes façons on est pas intéressé.. je rentre à l’hôtel l’esprit tranquille..

Et ça nous à fait ça deux fois en deux jours, donc la leçon à retenir à Jaipur, c ‘est de faire super attention à ne pas tomber dans les mauvais filets.

Deux citrine & un quartz fumé: 200

Collier 155 aigue-marine: 2000

Bagues et pendants: 2100

Quartz Rutiles: 450

 

On a quand même fait quelques belles affaires, y’a des choses supers, il faut bien marchander et pas oublier que 200 roupies c’est 4 euros hein…

Les photos de Lalie


Agra

Les photos de Lalie


Agra


Mercredi 4 avril - Udaipur c'est trop ...

Départ de Bombay en mode breakdance, on trace de l’hôtel pour rejoindre l’aéroport juste à temps pour l’avion de midi trente, ne fut-il pas full… Du coup, on réserve le même vol pour le lendemain, après une lutte acharnée devant Airdeccan, le guichet du low cost à l’indienne qui se repère facilement dans l’aéroport avec la baston à la Asterix et Obelix qui se déroule devant en quasi permanence, contrairement aux autres guichets où les préposés se font les ongles nonchalamment.

Bref, re-rickshaw, visitage de guesthouses autour de l’aéroport, sorte de chambres de prison dépravées et sales et financièrement exorbitantes.. on continue à longer la ligne de train en rickshaw sans trop s’éloigner de l’aéroport : que de moyens de transport, pour arriver dans une petite chambre très chère en standard Indien mais raisonnablement clean où on décide de monter le camp.

Le soir, on part se balader dans le quartier autour de l’hôtel, un autre Bombay, un Bombay plus rural, plus vrai. Des petites rues en terre battue cheminent au milieu de moult marchands de choses et d’autres, les enfants s’amusent de rien et les animaux de toutes sortes se fondent dans le décors. On s’arrête dans un petit resto un peu sombre où chaque bouchée délicieuse est une braise chaude dans la bouche qui ne s’éteint jamais. On ressort peu après, goguenards, un peu à cause de la bière mais surtout en raison de l’inflammation au 3ème degrés de 75% de nos visages. Pomepome et moi filons à notre rendez-vous pour récupérer le Saree que nous avions commandé l’après midi. Un petit cours est organisé dans l’arrière boutique pour qu’elle apprenne à l’enfiler, pendant qu’on rigole avec les 3/4 des gens du quartier venus assister à l’essayage : des blancs à Andheri ! et il achètent un saree ! ça doit pas arriver souvent.. Pomepome sort dans sa tenue de gala, en vrai princesse, sous le regard un peu confus des autres indiennes de la boutique, on prend quelques photos..

Départ en avion le lendemain comme prévu pour Ahmedabad, en transit pour Udaipur. Une longue journée à la ville, avec les bagages en attente de notre train de nuit, on savait que ça serait pas une partie de plaisir, pour Pomepome qui avait commençait par les quartiers chics de Bombay, ça a vite tourné au cauchemar jusqu’au larmes. Pas évident de se mettre dans le bain dans cette ville plutôt inhospitalière si on a rien à y faire.

Un raffut cacophonique constant, des rues pleines à craquer où trottoirs, égouts et routes ne font qu’un. Des flux constants et étouffants de milliers de personnes, d’animaux et de véhicules de toutes formes et de toutes taille.. l’Inde quoi..

J’essaye de la réconforter, on se pose un peu.. après un peu de temps, on décompresse, prend quelques clichés des gamins désireux de se faire photographie, et il semble que cette envie se propage aux agents de la circulation qui nous font des signes pour qu’on vienne les rejoindre au milieu du boulevard. Scène surréaliste, on se retrouve à poser avec les agents toujours en train de gérer les multiples files de toutes parts, au milieu de 10 000 klaxonnes furibonds, un souvenir à vie.

L’heure approche, on rickshote jusqu’à notre bus de nuit, classe sleepers, grande classe oui ! on est perché dans une couchette au dessus des autres voyageurs avec la fenêtre ouverte, on navigue au vent, allongés à 3 mètres du sol, dans les routes désormais désertes et calmes, jusqu’à s’endormir doucement… pour se réveiller brutalement à 4 heure du mat’ à coup de cris de chauffeur, on est bainé, éjecté, encore endormis, dans la noirceur chaude et humide d’Udaipur. Pas le temps de flipper ou de se demander où aller, même à cette heure un tout petit comité d’accueil est là pour nous réceptionner, alors que nous n’avions rien organisé, un coup de fils avait quand même dû être donné et tant mieux..

On se retrouve sans savoir trop comment dans un hôtel magnifique pour pas un rond, chambre immense, salle de bain perso avec toilettes à l’européenne, alors que Pomepome tombe de sommeil, je visite un peu, monte sur le toit, extatique à la vue de la vue, un spectacle à couper le souffle, du haut de ce toit surmontant le lac Picholla et toute la ville, ses ghats, ses temples et ses montagnes brumeuses en fond de tableau. Je voudrais bien attendre le levé de soleil mais je tombe moi aussi de sommeil et rejoins mon pom’ dans la suite, pour me plonger dans le lit les yeux imprégnés de belles images..

S’en suivent 5 jours assez paradisiaques à se balader en scooter dans les rues de la ville et en dehors. Un autre lac suit celui que notre hôtel domine, le Fateh Sagar à l’eau bleu turquoise. On monte en haut d’une petite montagne surplomber d’un temple, vue imprenable du Radjastan dans toute sa splendeur.

On descend se baigner dangereusement dans le lac. Et les jours s’enchaînent calmement, paisiblement. Tous les soirs dans à peu près tous les restaurants de la ville jouent le James Bond Octopussy qui a été tourné à Udaipur dans le non moins fameux Monsoon Palace, une sorte de bâtisse désormais un peu décrépit et transformée en Pseudo musée où 3 photos de Chameaux se battent en duel.

Pour y arriver on traverse un Wild Life Sanctuary où on nous dit y avoir des Cheetahs :

Emilie: « Ah ouais ya des singes ? »

Georges: « Nan, Emilie, des léopards, Cheetah c’est le nom du singe dans Tarzan, bonjour les références… »

Pas de léopards en vue, mais ironiquement on tombe sur une petite bande de singes dans un arbre en redescendant du palace, Emilie jubile…

Des singes, ou autre d’ailleurs, on en sait trop rien… 

Dernier soir ici, on se prépare à partir pour Jaipur, la ville des pierres précieuses, sûrement tout aussi belle..

Affaire à suivre…

Les photos de Lalie


Udaipur


Mercredi 28 Mars - Bombay up !

C’est le grand jour, enfin plutôt la grande nuit, mon pom’ arrive, je file à l’aéroport, trois bonnes heures aller-retour quand même, et attends parmi la dense foule d’attente plus longtemps que prévu, en dépit de mon retard à l’arrival 2 of Mumbai international airport.

Pendant une heure je dévisage chaque personne qui sort ; dans le doute de ne pas être à la bonne porte quand enfin je la vois débarquer. On se retrouve en fin de file, affection sans effusions, Inde oblige, elle me regarde dans les yeux, épuisée, et m’annonce en éclatant en sanglots qu’ils avaient perdu son bagage. Arf. Ça commençais bien..

On prend un rickshaw pour rejoindre la gare en vitesse avant le dernier train. À l’arrivée, le driver demande 350 roupies. Je commence à m’embrouiller avec lui assez violemment, ça m’arrive de plus en plus souvent mais c’est le prix à payer pour ne pas se faire avoir. Il faut savoir que le dernier zéro sur le compteur ne compte pas, si ça marque 350 c’est donc 35 roupies, mais pour eux ça vaut le coup de tenter le coup avec les touristes débarquant juste de l’aéroport.

Emilie me dit de lâcher l’affaire, un peu désemparée au fur et à mesure que l’embrouille s’intensifie. Un bypasser écoute de derrière, je me retourne une seconde, il regarde le driver, baisse les yeux et continu son chemin en soupirant. S’en était trop, je lui baine 40 et prend la main d’Emilie désormais convaincue de sa mauvaise foi.

Train et ballade nocturne dans les rues tièdes de la ville. Les grands boulevards de la deuxième capitale indienne, n’en disent pas long sur ce qu’est le vrai visage de l’Inde. Mon pom’ se dit ne pas être trop dépaysée alors que nous arpentons le quartier des banks, et nous dirigeons vers Colaba. Gardons la vrai Inde pour demain, nous devions appeler Alitalia à 11h pour savoir à quelle heure chercher son bagage, tant pis pour le tournage à Bolliwood. On croisera en fait le rabatteur le lendemain qui nous dira que le tournage est reporté au lendemain, even better lui dirais-je.

Dimanche à Bombay south, un bon pallier pour un premier jour, juste assez pour se lancer dans le Bombay plus indien le lendemain. Un sacré contraste entre le quartier du Fort et son majestueux Taj Mahal Palace à 300 dollar la nuit, et le quartier à l’est de marine lines, ses marchés bouillonnants, ses rues comme des torrents de couleurs et de gens, de bruits et d’odeurs, de porteurs de sacs et de camions, qui ne laisse pas le choix: c’est marche ou crève.

On fait un tour sur le Chowpati seafront, et d’ici Bombay ressemble à New York en été, avec ses skyscrapers chaotiques et des routes surélevées. Difficile de se dire qu’à quelques mètres, dans la ville, le tiers monde s’active aussi largement que les rues le peuvent pour transporter, acheter, vendre, vivre.

Réveil à 6h40 pour le tournage de la pub. Emilie reste couchée, un peu déphasée et dépitée de la perte de son sac. Le rabatteur de la veille nous conduit au tournage à Gateway of India près de l’espèce d’arc de triomphe signature de l’ancienne colonisation Anglaise. Petit dèj, changeage et me voilà changé en touriste américain avec chemise hawaïenne orange fluo pétante et short en nylon, on discute avec d’autres figurants indiens avant le débout du tournage, en court de conversation, l’une d’entre elles me demande si j’aime les pizza ? les burgers ? j’lui dis « OH j’suis pas cain-ri hein ! » nan mais sans blague ! non pas que j’aime pas les pizza m’enfin zut. Elle continue en me demandant mon plat favoris: chicken tikka massala (bam!), un hindou en turban se marre derrière..

Le tournage en lui même fut assez pénible après une dizaine de prises, en plein cagnard, je devais faire le touriste, prendre des photos et arriver derrière un jongleur pour le prendre en photo, une bonne 50aine de prises tout de même… Heureusement on a fini un peu en avance, vers 11h, avec 500 roupies chacun en poche, plus une anecdote de Bombay qu’une histoire d’argent donc…

Je rejoins mon pom’ à la chambre, la sort de la vase et la réveille pour aller appeler Alitalia et savoir si le sac était enfin arrivé. Au cours d’une communication téléphonique crépitante dans un des téléphones à roupies de la ville, le mec nous apprend que le sac est bien là, et nous de prendre la longue route de l’aéroport tout de même quelque peu soulagés.

Les photos de Lalie


Mumbai


Jeudi 22 mars - Auroville pas Hérouville

Si Auroville est une secte, et bien je m’en suis bien sorti. J’ai n’ai pas eu à participer à des séances de spiritisme en l’honneur d’un clown en toge jaune fluo, ni à virer mon codevi sur un compte en Suisse pour participer à l’amélioration des relations Aurovillo-Saturniennes et encore moins à refiler un rein et mon passeport pour prouver ma foi en la médecine Ayurvédique.

Bien sorti donc, quelques jours, par chance, au sein d’une communauté, ce qui contrairement à ce que certains pourraient penser, n’est pas une sorte de repère de glandeurs soixante-huitards fumeurs de hash mais plutôt un réel effort de citoyens du monde à s’unir pour vivre en paix et dans le respect de leur environnement. Hollandais, Russe, Français, même un mec du Kazakstan, la plupart profs pour les enfants de la ville ou chercheurs en énergies renouvelables, solaire principalement, un secteur où Auroville s’investit beaucoup.

Évidement, le tourisme reste une des sources de revenu majeure, au grand dam de certains qui y voient une contradiction avec le principe de participation de chacun, mais la plupart, au contraire, savent que la visite des voyageurs est un moyen de véhiculer les idéaux et aussi quand même un moyen de ramener de l’oseille.

Personnellement, je le conseille donc à tout le monde qui passera dans le coin, mais ne vous attendez pas à ce que les Auroviliens vous attendent les bras ouverts, avec une pancarte de bienvenue, un grand sourire, de la musique et des ballons, ça nan, vous serez parqués dans un des nombreux guest-houses et ne croiserez peu ou pas les Auroviliens, blasés des allées et venues des uns et des autres et occupés à la progression du projet Auroville. Un soir, je rentre à la communauté, passe par la cuisine et croise trois d’entre eux en train de préparer l’implantation d’un centre d’information en Russie. Après quelques minutes et autant de questions posées à l’un et à l’autre, ma curiosité est priée de rester là où elle est et de bien vouloir les laisser continuer cette conversation réellement plus importante que les questions futiles et redondantes d’un autre guest de passage.

Mais ce qu’il faut retenir d’Auroville, située au milieu de la foret Tamoul, c’est une flore luxuriante et une faune tout aussi surprenante, qui donne vraiment pas le mal du pays.

Parqué avec les autres guests donc, je finis mon séjour entre Pondi et Auroville, avec fière allure au volant de ma mob à sacoches et malgré la circulation chaotique des rues et routes Indiennes. Après deux mois d’observation, je ne saurais pas dire si la priorité est à gauche ou à droite, elle semble être donnée aux animaux puis aux gros véhicules, bus et camion, aux voitures chères type Mercedez ; et à taille et valeur équivalente, à celui qui roule le plus vite ou klaxonne le plus fort. Car il faut le savoir, le klaxonne c’est la première langue officielle de l’Inde. Et puis bon, sans panneaux, lignes, ni feux il faut bien se débrouiller et se rappeler que la taille de sa file est inversement proportionnelle au nombre et à la taille des véhicules qui se trouvent dans l’autre file, que rouler à contre sens est tout à fait acceptable et que doubler est dans toute situation permi à tous, à savoir, piétons, vélos, scooters, chariots, carrioles, voitures, camions, bus et animaux.

Mais cela semble pas trop mal fonctionner, comparativement aux risques d’une telle configuration et malgré la frénétique envie de vitesses de certains agressive drivers, c’est finalement les occidentaux qui sont le réel danger imprévu, car la priorité se donne ou se laisse selon une certaine compréhension mutuelle qui fait parfois défaut entre deux cultures différentes.

Dans deux jours mon pom’ arrive à Bombay, alors je check out de mon guesthouse dans la matinée, rends ma meule et me fais prendre moi et mes 15 kilos de sacs à dos derrière le scooter en peine du mécano jusqu’au bord de la ville. Je stoppe le bus pour Chennai, vers midi, après 4 heures de route je me pose au gigantesque Mofussil terminus pour manger sur un coin de banc en speed et file à l’aéroport, largement en avance pour mon vol de 18h15 to Mumbai avec Air deccan, le low cost à l’indienne. Entre les bousculades avec les clients et l’ignorance assumée du staff, je parviens à m’informer, le vol est fully booked, et l’espoir que quelqu’un se désiste est mince. Prochain vol à 5 du mat’ dans 15 heures, soit, je le prends et puis on the bright side j’arriverais pas à minuit à Bombay sans savoir où aller, mais à 7h du mat’ sans savoir où aller, ce qui améliore nettement les chances de ne pas se paumer.

S’en suivent donc 15 heures finalement assez sympas à l’aéroport, entre les négociations avec les gardes peu enclins à me laisser entrer l’aéroport pour un vol le lendemain, les discussions sur les bancs de salle d’attente et la chance de pouvoir pirater un réseau wifi qui m’accorda un accès au téléphone et à l’internet, je prend donc mon vol en m’étant tenu éveillé overnight.

Je me renseigne avant de sortir de l’aéroport, un conseil que je donne au passage, toujours lire un peu son guide et faire un tour au tourist information avant de se jeter en pâture à la foule d’attente à la sorti de l’aéroport, ne serait-ce que pour savoir à peu près vers quel coin aller et comment. Je me décide pour le train, et marche jusqu’à Ville Parle, déjà un peu dans le gaz. C’est grand Bombay me dis-je au milieu des 40 minutes de train, je suis dans un wagon de 20 m2 avec une bonne centaine de voyageurs, tous indiens, debouts, assis, pendus aux poignets et accrochés dans le vide aux portes grandes ouvertes de la rame, ne semblant pas forcement se connaître mais partageant une sorte de conversation collective assez gaie et mise en musique par l’un d’entre eux, peu soucieux de son niveau de batterie de portable. J’arrive un peu paumé et de plus en plus cassé à Church Gate, visite quelques chambres sur Colaba et m’écroule enfin à 11 h du mat’ dans l’une d’elle après avoir posé mes 15k de bagage et épongé tout autant de sueur.

Mon pom’ arrive demain, je bosse un peu l’itinéraire chambre-aéroport et me fait enrôler dans le tournage d’une pub le sur lendemain à Bolliwood. En entendant les négociations entre le rabatteur et d’autres occidentaux dans le couloir de l’hôtel, le rabatteur a besoin de plein d’entre nous, je tente ma chance en sortant ma tête de la porte et me fais engager pour 500 roupies pour faire de la figuration dans une pub de 7h à 2h de l’aprem. On m’avait dit que ça arrivait tout le temps mais je ne pensais pas que ça m’arriverait le premier jour quand même, bref, je suis ravi et impatient de dire ça à Émilie, qui n’en fini pas d’arriver.


Mardi 13 Mars - Journée de fou

Encore une excellente journée, je suis parti ce matin conquérir le monde au guidon de ma mob’ à sacoches sans détours. Les petits chemins aussi sinueux qu’argileux ne me font plus peur, je double même les vélos à pleine vitesse et franchis les dos d’ânes, les gendarmes couchés et autres ralentisseurs sans la moindre appréhension, ah, c’est vraiment l’aventure !

Carte en main et boussole dans mon sac, je m’oriente comme je peux dans cette jungle rurale. J’esquive les nids de poules avariées, tente tant bien que mal d’éviter les malentendus avec les autochtones, ces abominables végétaliens chercheurs d’embrouilles qui n’hésitent jamais à ouvrir les gaz pour doubler frénétiquement dans les plus obtus des virages alors que ma brelle est déjà à pleine vitesse. Même les animaux essayent de me refouler, j’ai surpris une famille de bovidés à contre sens sur le chemin, roulant à la Française, sur le mauvais côté de la route rien que pour freiner mon allure ou peut-être m’embrocher une jante, une bien piètre vengeance pour toute les côtes de bœuf qui se sont vues massacrées par ma fourchettes et mon couteau aiguisés.

On m’empêche même de pénétrer le Matrimandir, sorte de méga Rocher Suchar gardé par des barrière en bois et une corde amovible résistante à toute épreuve. J’arrive tant bien que mal à prendre quelques photos du géant en chocolat, mais mon instinct me dit que je ne suis pas de taille et que mon destin me mènera vers des adversaires plus raisonnables. Dans ce défi photographique j’aperçois quelques paons au cris stridents, cherchant Léon (?), probablement leur maître, visiblement désoeuvrés, j’empoigne comme je peux mon appareil, mais un plus grand prédateur me guette, un singe sauvage bondit au-dessus de moi comme un lion féroce au cirque Pinder, s’en est trop, je selle ma 50cc, retourne à l’abri dans ma chambre, remet cette conquête du monde à demain pour en finir avec cette journée de fou…