Je suis sûr que comme moi, un jour, quelque part, sans savoir trop où, vous avez déjà entendu parler de cette curieuse ville. C’est il y a un mois en discutant avec quelqu’un qui était passé à Pondicherry que les souvenirs me sont revenus, même si je n’en suis pas certain, je pense avoir lu dans un livre d’histoire, il y a très longtemps, quelque chose à propos de ce vieux rêve de soixante-huitard qui a quand même été, le 28 février 1968, inauguré par le président indien et des représentants de 124 pays différents.
Après 24 heures ici, je n’en sais pas beaucoup, mais je ne peux pas rester indifférent à cette vision quelque peu utopique, très largement controversée mais somme toute pleine de bon sens. J’ai trouvé sur mon chemin beaucoup de gens qui en parlaient, et peu de gens qui avaient pris la peine de comprendre ou d’étudier, je ne voulais pas faire parti de ceux là. Point barre.
Bien sûr, je ne pourrais pas en un jour sur place faire une présentation exhaustive, rappelons tout de même le principe. Auroville, sous la joute des principes de « the mother » est une cité en dehors de tout état, où le droit de propriété n’existe pas, où les citoyens du monde peuvent vivre en paix et en harmonie en dehors de toutes considérations politiques ou de nationalité. Constituée d’un tiers d’indiens et de deux tiers d’étrangers, les 1700 résidents, en l’échange d’un apport en industrie et d’une intégration sans faille des grands principes, peuvent se déclarer Auroviliens.
Cercle de 10 kilomètres carrés dessiné par l’architecte Roger Anger, dont le centre est Matrimandir, cette salle de prière un peu extravagante que je n’ai encore vu qu’en photo, sorte de Ferrero Rocher géant, la ville, comme une spirale, une nébuleuse certains osent, est divisée en quatre pôles : culturel, international, industriel et résidentiel.
Je vous passe la vision spirituelle à laquelle j’adhère assez peu et que je ne décrirais que très mal. Personnellement, je trouve qu’au delà de l’espèce de panneau défraîchis « peace and love » que les gens placardent sur cette ville sans même y avoir été est regrettable, et qu’un peu de paix, de collaboration et d’internationalisme ne nuiraient pas à notre fichu « liberé, égalité, fraternité »…
Et j’ai passé une super journée, bon il y a quelques formalités un peu pénibles pour les « guests ». Hier, je suis arrivé tard, en fait pas tant que ça mais j’ai commencé par être accosté un Israélien qui était dans mon bus, c’était son deuxième voyage ici, donc je le suis, toujours un peu paumé comme d’hab.. On visite deux trois accommodations, des huttes en bambou pour la plupart, avec juste un matelas à même le sol. Je commence à flipper pour tout dire, c’est con mais j’aime encore bien avoir un lit et de la lumière et une moustiquaire et que mes fringues tombent pas entre deux bambous, bref, j’ai pas encore les cheveux assez long encore une fois. On visite une dernière hutte, sympa celle là faut dire, toute ouverte, avec une « terrasse » et vu sur la mer.. L’israélien qui venait d’éplucher sa mangue au cutter, à qui j’était pas sûr de faire encore tout à fait confiance, me convainc de partager la chambre ce soir et de voir demain. On se fait monter une moustiquaire, je demande à voir une carte d’Auroville, on y était même pas, c’était genre banlieue, ou beach resort si vous préférez. D’un coup, je réalise que même le doux bruit de la mer ne me ferait pas changer d’avis, je veux aller la où ça se passe, au centre, ou peu importe, mais pas là. On se sert la main et j’me barre avec mes 15 kilos sur le dos, j’entame la marche. 3 ou 4 kilomètres après je fini par arrêter un rickshaw, j’suis décidément pas Roots comme on dit, et me fait emmener au visitor center qui fermait dans les 10 minutes. Anna, une galoise assez âgée me prend en charge, passe des coups de fils, attend un peu avec moi et essaye de m’indiquer un Guest House que je ne trouverai finalement jamais. Je repart à pied, dépasse et repasse dans les petits chemins, en perdant patience, demande un peu d’aide et me fait indiquer un autre endroit. J’arrive sans grand accueil et me fait finalement recevoir par Anton, qui m’explique qu’il a bien une chambre de libre mais que normalement il ne prend pas de gens dans la « communauté » moins de 8 jours et que quelqu’un arrive dans la semaine. Comme il est tard et qu’Anton est un bon gars (il ressemble à Flander dans les Simpson’s mais vous lui direz pas), un peu à contre cœur je dois dire, me lâche la chambre. Enfin la chambre, c’est plus un appart avec terrasse, salon, salle de bain et même un câble internet, pour 6 euros par jour (180e par mois donc).. Je suis aux anges. Cuisine commune, ce qui évite la cantine, nan vraiment le seul Hic c’est les WC turc, mais bon, c’est l’aventure lol..
Aujourd’hui je commence par les formalités après m’être séché au soleil sur la terrasse hehe, obtention de guest card et de quelques adresses pour louer l’indispensable mobilette à 1 euro, moins chère qu’un scoot ou une 125cc. Je pars donc avec fière allure faire deux trois courses pour le midi qui se décala progressivement vers les 15h. Et pour cause, sur la route je croise Jana, un prof que des « potes » avaient rapporté au bus la veille. On prend un café ou deux, je ne manque pas de lui communiquer mes recherches d’opportunités et il m’invite à un cours cet après midi. Le temps que je tente tant bien que mal de remonter le moral de mon pom’ et de son petit coup de blouze, que je me fasse une salade à la maison et rencontre un peu ma ‘communauté ». J’arrive donc un peu en retard au rendez-vous. Mais Jana est là avec d’autres, qui m’expliquent que c’est une introduction à son cours de Yoga, difficile de se faire excuser maintenant, alors nous voilà partis dans les petits chemins tortueux menants à la forêt. On stoppe dans un coin, marche un peu et se retrouve devant un Banian immense, limite aménagé pour les cours de Yoga. (le banian, c’est ce grand arbre qui se replante lui-même en faisant des racines à partir des branches qui tombées vers le sol)
En plein milieu de session, où j’avais déjà complètement décroché, le portable du Yogi se met à sonner comme un crissement de vinyle qui saute, sacrée rupture, on en rigole un peu.
Ayant déjà pris quelques cours, je pense pas que Jana soit un très bon Yogi, déjà parce qu’il chante faux, qu’il porte des fausses lunettes de soleil Oakley transparentes et qu’il m’expliquera qu’il a pas encore de certif. Mais y’a pas à dire, c’est un mec sympa, et moi je m’en fiche qu’il se paye sur les jeunes de passage en distribuant ses pseudos cours de Yoga. Du coup on rentre ensemble et je l’aide à créer son site pendant pas mal de temps. Temps pendant lequel j’en profite pour checker le mec du cyber qui m’autorise à organiser une session « internet » le lendemain et me dit qu’il serait quasi partant pour cette histoire de site web auquel je crois tant..
Demain je visite un peu plus pour continuer de forger mon opinion mais ce dont je suis persuadé à ce stade, c’est que l’endroit est tout bonnement magnifique, faune et flore confondus, un doux mélange du Luberon et de la Guadeloupe, et que les gens, même les indiens sont ouverts, et pas du tout barrés comme j’aurais eu tendance à l’imaginer.
C’est Auroville pas Hérouville hein.