Encore une excellente journée, je suis parti ce matin conquérir le monde au guidon de ma mob’ à sacoches sans détours. Les petits chemins aussi sinueux qu’argileux ne me font plus peur, je double même les vélos à pleine vitesse et franchis les dos d’ânes, les gendarmes couchés et autres ralentisseurs sans la moindre appréhension, ah, c’est vraiment l’aventure !
Carte en main et boussole dans mon sac, je m’oriente comme je peux dans cette jungle rurale. J’esquive les nids de poules avariées, tente tant bien que mal d’éviter les malentendus avec les autochtones, ces abominables végétaliens chercheurs d’embrouilles qui n’hésitent jamais à ouvrir les gaz pour doubler frénétiquement dans les plus obtus des virages alors que ma brelle est déjà à pleine vitesse. Même les animaux essayent de me refouler, j’ai surpris une famille de bovidés à contre sens sur le chemin, roulant à la Française, sur le mauvais côté de la route rien que pour freiner mon allure ou peut-être m’embrocher une jante, une bien piètre vengeance pour toute les côtes de bœuf qui se sont vues massacrées par ma fourchettes et mon couteau aiguisés.
On m’empêche même de pénétrer le Matrimandir, sorte de méga Rocher Suchar gardé par des barrière en bois et une corde amovible résistante à toute épreuve. J’arrive tant bien que mal à prendre quelques photos du géant en chocolat, mais mon instinct me dit que je ne suis pas de taille et que mon destin me mènera vers des adversaires plus raisonnables. Dans ce défi photographique j’aperçois quelques paons au cris stridents, cherchant Léon (?), probablement leur maître, visiblement désoeuvrés, j’empoigne comme je peux mon appareil, mais un plus grand prédateur me guette, un singe sauvage bondit au-dessus de moi comme un lion féroce au cirque Pinder, s’en est trop, je selle ma 50cc, retourne à l’abri dans ma chambre, remet cette conquête du monde à demain pour en finir avec cette journée de fou…