Départ de la gare d’Udaipur à 21h40 en classe Sleepers, un excellent moyen de voyager pour pas cher. Bel exemple de civilité de la part des Indiens d’ailleurs, un tel mode de transport serait juste inimaginable en France. Déjà que dans un wagon bien rangés de la SNCF sur deux, vous pouvez être sûrs que des « usagés » se disputeront tantôt pour une histoire de sièges usurpés, tantôt pour affaire de bruit intempestif, la classe Sleepers serait je pense une sorte de tuerie collective dont peu sortiraient vivants :

10 places assises se convertissent en 9 couchettes, équation improbable qui fonctionne grâce aux arrivés et aux sortis au cours de la nuit. La prouesse, c’est le passage en mode couchette, qui s’opère co-opérativement et simultanément pour tout le monde. Emilie, parisienne un peu déboussolée sur SA banquette numéro 9, voit les gens arriver et s’asseoir sur SA banquette numéro 9. Certains mangent, d’autres lisent le journal, mais Emilie elle, elle flippe, sans broncher, elle est sur SA banquette et elle aimerait bien pouvoir s’allonger sur SA banquette. Dilemme. Comment expliquer au gens que, bon, elle veut pas être désagréable mais elle aimerait bien pouvoir profiter pleinement de SA banquette pour dormir. D’ailleurs, ils vont dormir où tous ces gens ? Peu importe, mais pas sur la banquette numéro 9. Elle patiente dans l’angoisse, en suspens de couchette…

Au bout de quelques temps, venu de nul part, le mécanisme se met en branle et tout le monde le sait, c’est l’heure. Sans un mot échangé ou une annonce du conducteur, les gens se lèvent et organisent le dortoir. D’un commun accord, les banquettes se déplient et s’attachent de part et d’autres de la rame, chacun retrouve sa place, les lumières s’éteignent progressivement et les discussions s’effacent jusqu’au lendemain, où quand tout le monde sera réveillé, le train repassera en position assise.

On arrive donc à Jaipur, deuxième capitale mondiale de la joaillerie et capitale number one du racolage. En effet, faut un peu s’accrocher et tenter de faire abstraction des sollicitations quasi permanentes. Traversez MI road, si vous y parvenez, et poussez jusqu’à New Gate, un petit kilomètre à pied. À n’importe quelle heure du jour, on vous appellera pour une bonne trentaine de rickshaws, plus les restaurants. Ça vous coûtera une bonne dizaine de roupies de vieux mendiants sympas. Et jusque là tout va bien. Parce qu’il faut que vous parveniez à New gate sans vous faire alpaguer par un mec sympa qui veux parler anglais avec vous pour progresser, qu’il vous invite à prendre un Chai avec son prof de peinture qui dit connaître un joaillier qui a sûrement des opportunités intéressantes et qu’IL FAUT rencontrer. Et vous faites, vous avez pas le choix si vous voulez pas passer pour un connard malpoli qui aime pas les indiens. Vous arrivez dans une espèce de bureau de luxe alors que y’a 10 secondes vous montiez un escalier dégueulasse sans lumière avec les marches inégales. Deux mecs te reçoive, l’un parle français, très sympa, très convaincant. Toi, tu sais pas trop pourquoi tu es là mais quand tu apprends qu’il loue un appart à 3000 euros dans le troisième tu te dis que tu bosserais bien avec lui. Alors tu restes. De toutes façons, il fait la conversation. Il a un truc pour toi. Un truc honnête. Il te prépare un paquet avec des bijoux, valeur 15 000 euros, le maximum qu’un touriste peut ramener en France, tu va les chercher avec lui à la poste en France, il te file des thunes : nice and easy. Comme les taxes sur les bijoux c’est 250%, tu lui fais gagner 37 000, du coup, il te file 10 000, 20 000 pour deux personnes…

Il t’explique tout en détails, ça parait clean, il répond à toute ta méfiance par du bon sens, il te met dans sa poche et tu te vois déjà avec la liasse de 10 000 dans les mains. Mais tu demandes, quand même, une nuit pour réfléchir, ça parait trop beau pour être vrai.
Du coup tu sorts du shop, il fait nuit, tu voulais aller visiter des trucs et du coup tu as passé ton après midi de visite à te faire tenir la jambe par une file indienne. Tu tournes le truc dans tous les sens, il dois y avoir un vice dans cette histoire de 10 000 euros et puis t’as toujours pas vu New Gate..

On marche une petite dizaine de minutes et on tombe sur un autre filon indien, enfin c’est plutôt lui qui te tombe dessus, des mecs sympas qui parlaient bien anglais cette fois, pas des rabatteurs, pas cette fois, des étudiants qui te proposent d’aller boire un chai.. tu acceptes en te disant que tu n’auras pas passer plus de 10 minutes seul à seul avec ta copine plus de 20 minutes aujourd’hui, tant pis pour aujourd’hui, et puis c’est toujours sympa de parler avec des locaux, quand ils essayent pas de te vendre tout et n’importe quoi ou qu’ils essaient de te convaincre que gagner dix mille, c’est facile. Tu bouffes avec eux, ils sont de plus en plus nombreux et tu passes un bon moment. Comme 50 % des gens à Jaipur, l’un d’eux bosse dans les bijoux, tu peux pas t’empêcher de lui demander ce qu’il pense de cette histoire de transport de bijoux, toi tu es déjà retombé un peu les pieds sur terre, maintenant que tu n’es plus en face du mec, ça te parait être la plus grosse arnaque du monde. Il te demande si le mec en question ne parle pas français, bingo, il connait le type et il faudrait mieux pas qu’on accepte si on veut pas se retrouver à payer des milliers d’euros de droits de douane pour des bijoux sur lesquels on mettra jamais la main. C’est bien ce qu’on pensais..
Le lendemain, j’attends devant l’hôtel à 11h comme prévu, le premier mec qu’on avait rencontré la veille vient me prendre, on va boire un chai, son prof nous rejoint, comme la veille, et il me dit que le boss est occupé, qu’il peut me recevoir que plus tard, je me lève un peu lassé et lui dit que de toutes façons on est pas intéressé.. je rentre à l’hôtel l’esprit tranquille..

Et ça nous à fait ça deux fois en deux jours, donc la leçon à retenir à Jaipur, c ‘est de faire super attention à ne pas tomber dans les mauvais filets.

Deux citrine & un quartz fumé: 200

Collier 155 aigue-marine: 2000

Bagues et pendants: 2100

Quartz Rutiles: 450

 

On a quand même fait quelques belles affaires, y’a des choses supers, il faut bien marchander et pas oublier que 200 roupies c’est 4 euros hein…

Les photos de Lalie


Agra

Les photos de Lalie


Agra