C’est le grand jour, enfin plutôt la grande nuit, mon pom’ arrive, je file à l’aéroport, trois bonnes heures aller-retour quand même, et attends parmi la dense foule d’attente plus longtemps que prévu, en dépit de mon retard à l’arrival 2 of Mumbai international airport.
Pendant une heure je dévisage chaque personne qui sort ; dans le doute de ne pas être à la bonne porte quand enfin je la vois débarquer. On se retrouve en fin de file, affection sans effusions, Inde oblige, elle me regarde dans les yeux, épuisée, et m’annonce en éclatant en sanglots qu’ils avaient perdu son bagage. Arf. Ça commençais bien..
On prend un rickshaw pour rejoindre la gare en vitesse avant le dernier train. À l’arrivée, le driver demande 350 roupies. Je commence à m’embrouiller avec lui assez violemment, ça m’arrive de plus en plus souvent mais c’est le prix à payer pour ne pas se faire avoir. Il faut savoir que le dernier zéro sur le compteur ne compte pas, si ça marque 350 c’est donc 35 roupies, mais pour eux ça vaut le coup de tenter le coup avec les touristes débarquant juste de l’aéroport.
Emilie me dit de lâcher l’affaire, un peu désemparée au fur et à mesure que l’embrouille s’intensifie. Un bypasser écoute de derrière, je me retourne une seconde, il regarde le driver, baisse les yeux et continu son chemin en soupirant. S’en était trop, je lui baine 40 et prend la main d’Emilie désormais convaincue de sa mauvaise foi.
Train et ballade nocturne dans les rues tièdes de la ville. Les grands boulevards de la deuxième capitale indienne, n’en disent pas long sur ce qu’est le vrai visage de l’Inde. Mon pom’ se dit ne pas être trop dépaysée alors que nous arpentons le quartier des banks, et nous dirigeons vers Colaba. Gardons la vrai Inde pour demain, nous devions appeler Alitalia à 11h pour savoir à quelle heure chercher son bagage, tant pis pour le tournage à Bolliwood. On croisera en fait le rabatteur le lendemain qui nous dira que le tournage est reporté au lendemain, even better lui dirais-je.
Dimanche à Bombay south, un bon pallier pour un premier jour, juste assez pour se lancer dans le Bombay plus indien le lendemain. Un sacré contraste entre le quartier du Fort et son majestueux Taj Mahal Palace à 300 dollar la nuit, et le quartier à l’est de marine lines, ses marchés bouillonnants, ses rues comme des torrents de couleurs et de gens, de bruits et d’odeurs, de porteurs de sacs et de camions, qui ne laisse pas le choix: c’est marche ou crève.
On fait un tour sur le Chowpati seafront, et d’ici Bombay ressemble à New York en été, avec ses skyscrapers chaotiques et des routes surélevées. Difficile de se dire qu’à quelques mètres, dans la ville, le tiers monde s’active aussi largement que les rues le peuvent pour transporter, acheter, vendre, vivre.
Réveil à 6h40 pour le tournage de la pub. Emilie reste couchée, un peu déphasée et dépitée de la perte de son sac. Le rabatteur de la veille nous conduit au tournage à Gateway of India près de l’espèce d’arc de triomphe signature de l’ancienne colonisation Anglaise. Petit dèj, changeage et me voilà changé en touriste américain avec chemise hawaïenne orange fluo pétante et short en nylon, on discute avec d’autres figurants indiens avant le débout du tournage, en court de conversation, l’une d’entre elles me demande si j’aime les pizza ? les burgers ? j’lui dis « OH j’suis pas cain-ri hein ! » nan mais sans blague ! non pas que j’aime pas les pizza m’enfin zut. Elle continue en me demandant mon plat favoris: chicken tikka massala (bam!), un hindou en turban se marre derrière..
Le tournage en lui même fut assez pénible après une dizaine de prises, en plein cagnard, je devais faire le touriste, prendre des photos et arriver derrière un jongleur pour le prendre en photo, une bonne 50aine de prises tout de même… Heureusement on a fini un peu en avance, vers 11h, avec 500 roupies chacun en poche, plus une anecdote de Bombay qu’une histoire d’argent donc…
Je rejoins mon pom’ à la chambre, la sort de la vase et la réveille pour aller appeler Alitalia et savoir si le sac était enfin arrivé. Au cours d’une communication téléphonique crépitante dans un des téléphones à roupies de la ville, le mec nous apprend que le sac est bien là, et nous de prendre la longue route de l’aéroport tout de même quelque peu soulagés.