J’avais demandé les horaires de train à l’office du centre, je speed pour être à l’heure, je demande même au rickshaw driver de mettre la gomme, en fait le train était pas avant un bonne heure et demi.. En même temps, le site des horaires de train est tellement mal foutu qu’on se demande s’il ne collecte pas des idées pour le rendre encore pire ! (j’vous défi de trouver les horaires du Cochin / Varkala, aucune chance…)

Donc je stoppe deux heures et demi plus tard à Ernakulam, pour rejoindre le bateau pour Fort Cochin. Curieux nom d’ailleurs, ça n’a rien d’un fort, pas de remparts, pas de tourelles avec des meurtrières, rien ! Moi qui m’imaginais un énorme château, j’étais un peu surpris. J’me trouve un hôtel clean à 300 rupees et commence à me balader… J’tombe sur un groupe de jeunes un peu dans le même voyage, d’un peu partout avec qui on décide d’aller se faire un resto, et il me raconte qu’ils s’étaient tous rencontrés un peu avant et qu’ils descendaient se faire les backwaters le lendemain.

Le lendemain donc, j’entends un mec qui m’appelle. Pas le « hey brother, my friend ! » habituel du mec du resto du coin qui essaye de t’alpaguer pour manger des calamars avariés et finir avec 250 boutons sur chaque pied et des démangeaisons infernales. Nan mais la voix me disait vaguement quelque chose, et le fait qu’il sache mon nom aussi, un détail… Je tourne donc les talons dans une humeur pas coiffée, pas caféinée, et j’tombe sur Yorgis, un hollandais du groupe de la veille qui n’était visiblement pas parti aux backwaters, puisqu’il était entrain de trôner au milieu de réflecteurs, projecteurs, caméras et autres accessoiristes multivitaminés. On commence à discuter et il me raconte que c’est la deuxième fois que ça lui arrive, à Bombay déjà, il en était à sa deuxième pub, deux histoires différentes, mais qui commencèrent toutes les deux au hasard des rues.

Lunch time, la production a mis le paquet sur la bouffe, on se prend une table en attendant que le tournage reprenne. Une pub de chemises donc, un beau couple de toubabs se rencontrent sur la plage, il la revoit pour lui offrir des fleurs, scénario béton, mais il me raconte que la scène avait été tournée péniblement, puisque qu’il ne parlait pas un mot de Malayalam et que les mouvements de lèvres devait paraître probant. Yoris touche 5000 rupees, soit un peu moins de 100 euros, pour l’anecdote…

La scène des fleurs se tourne au milieu des badauds avec une anglaise intimidée, pas sure de son coup. Le producteur me prend à part pour me raconter sa vie en me partageant une bière, j’attends qu’il me propose, de justesse, on aborde le sujet mais nan : j’ai les cheveux trop courts, il aurait bien un p’tit truc de figuration pour me faire plaisir, mais voilà.. t’as p’t’être raison ‘pa, j’devrais p’t’être me laisser pousser la crinière, et jouer dans des pubs de shampooing à Bollywood..

Au retour de mon saut sur l’internet à dynamo du coin, pas très loin de celui de l’après midi, un autre tournage se tournoit, se tournasse, enfin se tourne quoi.. Yorgis est toujours en place pour profiter de la bouffe et boissons de la prod, moi je prends la confiance aussi, je fais la bise au producteur (bon ça c’est pas vrai), en tout cas je monte, me coulisser dans les.. Essaye de ne pas faire de bruit pour faire genre : « je suis au courant, wink », mais faut avouer c’est très pénible le cinéma, les gens attentent en soupirant, l’actrice, semble ravie de se retrouver dans les bras d’une sorte de Jésus très poilu en perfecto et manches à franges, elle me raconte un peu l’histoire avec cet accent français que, je pense, tous les francophones peinent à perdre, enfin je dis peut être ça pour me rassurer, bref.. Elle habite ici avec sa sœur, mariée avec un pécheur Indien souvent absent. Toutes les deux élèvent une petite dans un homestay pas trop cher, avec cuisine et petit personnel. Elle me raconte qu’elle reste chez sa sœur en attendant de se marier.

On décide d’aller manger avec des gens du studio, sur la place du marché au poisson, près des fameux chinese nets sur le bord extérieur du fort, comme tous les touristes quoi.

Au fur et a mesure que la soirée avance, j’sent quand même un truc chelou sous la sangle de mes tongs en plastoque, un léger grattement qui se répand rapidement aux deux pieds en entier, je regarde sous la table en fin de soirée, horrible, la calculatrice de Bill Gates en rouge sang sur l’intégralité du pied. Bon là je réalise, y’a un truc louche avec mes pieds, j’sens comme une fatigue monter, d’façon c’est la fin de soirée, j’rentre à mon hôtel, ça ira mieux demain.. Et là c’est comme s’il n’y avait pas eu de demain, j’pense avoir dormi une bonne partie de la journée, j’pense que mon corps essayait de se défendre contre le truc en question, mais sans eau, sans bouffe, ça n’a pas aidé.. j’me lève quand même le soir pour aller prendre conseil au studio, je tombe sur l’actrice de la veille, la française, qui me coach un peu, me dit que y’a de la place à son homestay, que c’est cheap et pas loin d’un médecin que sa soeur connait, donc je bouge là-bas, feelin’ really bad, les boutons s’étaient répandus sur les jambes et les mains, ça pouvait passer dans la nuit, ou pas..

Première heure le matin d’après, on file chez le « médecin ».. enfin médecin : Ayurvedic, elle me matte le pied, allez, 3 secondes et demi et me prend le pouls à la main bien 5 minutes, me demande si j’avais pas mangé des crevettes ou un truc comme ça, qu’est ce que je peux dire ? ben si, on a mangé que ça les derniers jours.. J’suis partagé : d’un côté, bon, elle a deviné en deux secondes ce que j’avais mangé l’avant veille, de l’autre, qu’est ce qu’un blanc bec comme moi mange à Fort Cochin a part des fruits de mer ?

Bon bref, elle me prescrit de l’huile à étaler sur le corps pendant deux heures tous les jours, hyper pratique, j’ai salopé la moitié des draps de l’hôtel… Une poudre pour retirer l’huile, des gélules aux plantes et un sirop qui a goût de Nuoc-mâm ignoble…

En tout cas j’me ménage et j’essaye d’attendre que ça parte complètement avant de reprendre mon chemin… J’ai encore les phalanges toutes rouges et urticantes, demain ou après-demain ça devrait être parti…

ps : message perso, ne t’inquiète pas Mamie TOUT va bien à présent !