Grasse mat’ donc .. Premiers signes d’activité vers 4h du mat’, ghettoblaster à donf en provenance du temple, vu qu’il y a plusieurs centaines de divinités dans la religion Hindouiste, c’est tous les jours Noël. Notons par ailleurs que pour les indiens, Jésus est un dieu, un de plus ou un de moins vous me direz.. 4h donc, ante medium hein, ça chante et ça répète inlassablement le même refrain, la même prière, comme un vieux 45 tours rayé jusqu’à épuisement du chanteur nictaphone.

5h : les oiseaux et les coqs, une seule sorte de coq, le gripaviaireux, deux sortes d’oiseaux, le Jouissus Colibrius et le Clacus Corbus, équivalents urbains du couple débauché de l’étage d’haut dessus et du voisin bricoleur de l’appart d’à côté..

Enfin 6h, les klaxonnes, les oiseaux, la musique, tout ce petit monde s’adonne à cœur joie dans ce petit bœuf matinal…

Vous l’aurez compris, pas de grasse mat’ donc, à 7h30 : yoga, tout le monde s’affaire vers la hutte, choppe son « mat » qui pue le yak et s’agenouille « prayer position » pour écouter le yogi chanter calmement ce début de journée.

Au fur et à mesure des asanas et des sessions, on s’attache à ce petit rituel qui, il faut bien l’avouer, détend son monde. Shawahasana, « relax session », quand le soleil déverse ses premiers rayons à travers la faune tropicale, palmiers et bananiers, ça a quand même de la gueule.

Petit dej’ frugal avec la quinzaine d’autres étudiants en ce moment au Vijnana Kala Vedi Center, l’anglais est représenté sous tous ses accents autour de la table.

Deux enseignements au choix parmi le très prisé Kathakali, la danse traditionnelle du Kerala, make-up, mural painting, langues etc… Pour moi c’est deux heures d’Hindi en face à face tous les jours et une heure de découverte : Wood carving la semaine dernière, voir photos de mon « wood-holding-watching-carving » éléphant, tabla cette semaine et cooking la semaine prochaine, j’ai hâte de voir comment les gens cuisinent dans un pays civilisé, c’est a dire SANS (evil) FOUR [private joke]…

À chaque premier cours avec un nouveau professeur, l’étudiant se dois d’apporter le Dakshina, a betel leaf, an areca nut and a one rupee coin. Il doit être offert les deux mains jointes, et est reçu cérémonieusement par le professeur.

J’ai essayé une fois, pas deux, ce qu’en faisaient les gurus. Ils enroulent des graines d’areca nut dans la feuille avec un peu de poudre assez caustique, mâchonne un peu, garde assez longtemps dans la bouche et recrache le mélange rougeâtre et amer. C’est censé avoir le même effet qu’une grosse gitane maïs. Personnellement, à part la langue rouge sang et un goût assez acre dans la bouche, je n’ai pas eu plus de plaisir que ça, sans aucun dédain, c’est quand même une autre culture.

Je lisais le journal ce matin, une indienne étudiant en France répondait aux questions du journaliste, it went:

« – What thing foxed you the most while you were in France ? »

« – Fish is considered a vegetarian dish ! »

Is it ?

Ici, en tout cas pas de poisson aux repas, 100 % veg. On s’y fait, parfois des carrés de tofu pourraient passer pour du blanc de poulet et certains morceaux de choux fleurs poêlés pour de la crevette… Ou peut être c’est mon cerveau reptilien qui me joue des tours, je ne sais pas…

Parfois je rêve qu’ils me foutent des protéines, des vraies, sur cette foutue feuille de bananier, mais une petite voix me dit : « mec, si tu voulais un kebab-frites, t’avais qu’à descendre la rue, pas besoin de faire 8000 bornes ! »

Nan, on nous sert de la super bouffe, assez variée et bouffer avec les doigts, c’est ce que je préfère…

C’est déjà le week end, je pense rester au centre pour bosser mes traductions et chill out sur le toit.. Alors que les journées sont bien remplies, les soirées sont parfois un peu longues, alors je bouquine et je vous écris, comme ça vient…